tag:blogger.com,1999:blog-77445670627776246212024-03-13T22:27:30.486+01:00L'escalier des aveuglesLivres et autres excursions.Guillaume Contréhttp://www.blogger.com/profile/00589262091720963299noreply@blogger.comBlogger204125tag:blogger.com,1999:blog-7744567062777624621.post-51138195687332335212023-01-31T15:48:00.004+01:002023-02-07T15:50:50.920+01:00François Souvay – Ciné-club<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><b><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Vies de cinéma</span></b></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Dans un premier recueil de
nouvelles subtil et enlevé, François Souvay invente une histoire parallèle du
septième art qui ne manque pas d’éclat.</span></i></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjsjVFLyuwIq3sNDPf2MHHdd2LCCEdnPxp6YnV0TFHNkq1fxW9tAkKbuhkaO9mmiBJfcsXw7UhSuoOXalt9tXEhUj6D2SetZZ4krDTs476LLDDZXh4kX-4hFHNDcoRo5e7FbhmzQNqyLctPhk8Mh1gyaKyd-H7UT-8J3LKX44sYTWV1TvJJWV-xmjGt2A/s283/index.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="283" data-original-width="178" height="283" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjsjVFLyuwIq3sNDPf2MHHdd2LCCEdnPxp6YnV0TFHNkq1fxW9tAkKbuhkaO9mmiBJfcsXw7UhSuoOXalt9tXEhUj6D2SetZZ4krDTs476LLDDZXh4kX-4hFHNDcoRo5e7FbhmzQNqyLctPhk8Mh1gyaKyd-H7UT-8J3LKX44sYTWV1TvJJWV-xmjGt2A/s1600/index.jpg" width="178" /></a></div><br /><p></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Il fut un temps, bien avant l’ère
du tout numérique et de ses effets sans charme, où Hollywood méritait son
surnom d’usine à rêves. Ce temps lointain, presque mythique, qui se confond
avec celui de l’invention du cinéma, ne saurait être apprécié aujourd’hui que
doré d’une certaine patine nostalgique, voire onirique. Une nostalgie qui
permet aussi l’invention, l’humour et la fantaisie, car les anciens temps
d’Hollywood, ceux qui correspondent en gros à la première moitié du XX<sup>ème</sup>
siècle, sont aussi des temps où le cinéma, quand bien même déjà une industrie,
était encore cette forme nouvelle, pleine de promesse, qui célébrait les noces
de la créativité et du divertissement de masse. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify; text-indent: 35.4pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">François Souvay
s’empare de cet âge indéniablement révolu – où les chefs d’œuvres se mêlaient à
des séries B qui, avec tous leurs défauts, n’en manquaient pas moins d’une
certaine inventivité – pour composer un savoureux recueil de nouvelles débordant
de réalisateurs aux destins tragiques ou risibles, d’actrices aux allures de
femmes fatales ou d’énigmes insolubles, de producteurs véreux, de scénaristes
qui se plagient les uns les autres, de chefs d’œuvres oubliés ou de navets dans
lesquels pointent de surprenants abîmes métaphysiques. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify; text-indent: 35.4pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">L’épigraphe de Borges
évoque <i>« l’idée d’une coïncidence entre l’art et la réalité »</i>
et c’est un thème que le livre ne se lasse pas d’explorer. Ainsi, la prédiction
macabre d’un fakir de film est prise au pied de la lettre par l’acteur Rex
Lamont, qui finit par être <i>« retrouvé sans vie dans la villa qu’il
s’est fait construire » </i>; son <i>« destin commun »</i>
est alors métamorphosé en <i>« véritable parabole »</i>. Polly
Griffin, <i>« petite femme invisible »</i>, écrit et parvient à faire
valider par le studio où elle travaille comme secrétaire le scénario baroque et
truffé de mises en abîmes d’un improbable film de science-fiction
rétro-futuriste dans le seul but de séduire un collègue qui l’ignore et qu’elle
convertit en personnage de sa fiction. Ailleurs, alors que le maccarthysme fait
des ravages dans le marigot hollywoodien, les trahisons, dénonciations et
lâchetés des uns et des autres se règlent mélodramatiquement par films
interposés. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify; text-indent: 35.4pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Les amours, autre thème
récurrent, sont souvent frustrés, fantasmés, amers ou coupés à la racine. Sur
une colline <i>« qui domine Hollywood, se dresse encore un curieux
édifice »</i>, qui semble <i>« une réplique, en miniature, du fameux
temple de Salomon »</i> : il s’agit du mausolée que le réalisateur
Vernon Gray, auteur de divers <i>« mélodrames muets »</i>, a fait
édifier en l’honneur de l’actrice Constance Flynn, laquelle eut son heure de
gloire en jouant dans un péplum biblique où son personnage <i>« accepte
héroïquement son sacrifice au temple »</i>.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify; text-indent: 35.4pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">La cinéphilie que
s’invente François Souvay déborde de réussites tardives dans les carrières de
réalisateurs qui avaient jusque-là œuvrés comme des tâcherons, elle offre même
à un certain Stanley Foster, <i>« qu’une certaine critique blasée avait
tenté de réhabiliter »</i>, l’inédit privilège d’avoir réalisé un chef
d’œuvre sans s’en rendre compte, en filmant autrement dit aussi mal que
d’habitude, <i>« dans cette forme de torpeur et d’absence au monde qui
semble avoir été sa particularité »</i>. Beaucoup des films que l’auteur imagine
– aux titres évocateurs tels que <i>La Carte de l’Atlantide</i>, <i>Un dernier
verre, major ?</i> ou <i>La prophétie du crime</i> – sont des productions
du mystérieux studio « Olympic Movies », une Olympe de la pellicule
dirigé par un certain Elmer Polack (Souvay a le talent de donner à ses
personnages des noms qui se tiennent adroitement à cheval sur la mince ligne
qui sépare le probable de l’improbable). C’est pour le compte de cette firme
que travaille l’acteur d’origine russe Victor Green, <i>« une sorte
d’altesse exilée qui avait retourné son destin en sa faveur en jouant les
laquais »</i>. Ses apparitions fugaces dans un éternel rôle de majordome
ont le don de doter les films où il joue d’une profondeur et d’une ironie
subtile qui leur aurait fait défaut sans sa présence. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify; text-indent: 35.4pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Souvay se permet
également quelques incartades sur d’autres territoires, tout aussi riches que
la grande machine hollywoodienne : « Le Chemin du thé » nous
offre ainsi une réjouissante parodie d’Ozu à travers la figure du réalisateur
Ginjiro Fukima, <i>« spécialiste du shomin-geki (genre cinématographique
japonais mettant en scène le quotidien, les gens banals) »</i>. Plus loin,
l’écrivain nous emmène en Italie, terre promise du nanard érotico-fantastique,
en nous racontant par le menu la carrière de Fausto Santi, qui commence par
réaliser un <i>« film cérébral et introspectif »</i>, avant de finir
par tourner à la chaîne des navets fauchés sous le pseudonyme de Steve Fowley,
suivant ainsi <i>« un itinéraire spirituel qui l’a conduit vers une épure
générale de son cinéma »</i>. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 10.5pt; line-height: 150%;">François
Souvay – <i>Ciné-club</i> [Champ Vallon, 300 pages, 21 euros]</span></p>
<p><style>@font-face
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{page:WordSection1;}</style></p>Guillaume Contréhttp://www.blogger.com/profile/00589262091720963299noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7744567062777624621.post-391912698798566262023-01-28T15:45:00.001+01:002023-02-07T15:47:00.322+01:00Jean-Daniel Botta – Tutu<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><b><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Comme un jeu d’enfant</span></b></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Jean-Daniel Botta, dans ce recueil
inaugural, fait feu de tout bois avec une réjouissante liberté. </span></i></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjpfHi1og8YHakDZp1rHLnLEUg5AzrtqdZfwjVRgFrjr966TJZrqaWJqNzDBKt5vZMmDwyzac98HMQcinr9SEzaNI8aiAaYxA2k1IRFiH-TTpl31pOEWFkUfmdjl8Ir5WdybWy4nGm7TedUm2554r9_kNUD10m5FSNO6Fep6EQ0Q0plZ5lMcfPrjMCtqg/s581/Tutu.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="581" data-original-width="400" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjpfHi1og8YHakDZp1rHLnLEUg5AzrtqdZfwjVRgFrjr966TJZrqaWJqNzDBKt5vZMmDwyzac98HMQcinr9SEzaNI8aiAaYxA2k1IRFiH-TTpl31pOEWFkUfmdjl8Ir5WdybWy4nGm7TedUm2554r9_kNUD10m5FSNO6Fep6EQ0Q0plZ5lMcfPrjMCtqg/s320/Tutu.jpg" width="220" /></a></div><br /> <p></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Après avoir publié il y a quelques
mois aux éditions Louise Bottu un recueil en collaboration avec le musicien
Philippe Crab, Jean-Daniel Botta, également musicien, propose avec <i>Tutu</i>
un curieux objet littéraire qu’il signe de son seul nom. Le volume est composé
d’une trentaine de poèmes découpés en chapitres qui tiennent à la fois de la
narration fragmentée (ou de l’insinuation d’une multitude de récits possibles qui
se chevauchent) et de l’association libre – une association à certains moments brutale,
à d’autres fluide, presque innocente – d’images qui se font et défont au fil du
courant d’une écriture à la fois dense et relâchée. Il s’agit de donner <i>« des
noms un peu moins précis, pour que les choses nommées reprennent leur
liberté »</i> : cette liberté retrouvée, c’est évidemment celle que
Jean-Daniel Botta découvre pour lui-même tout au long du recueil avec un
plaisir communicatif. Il s’agit de s’inventer une poésie possible, ce qu’il
réussit brillamment, sans effort pourrait-on dire, tant ses poèmes qui n’en
font qu’à leur tête savent porter le lecteur d’un étonnant coq à un âne qui ne
l’est pas moins, puis au poème suivant, qui semble, par quelque inexplicable
opération alchimique, découler tout naturellement du précédent.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>Dans
cette poésie nouvelle, tout est disponible à qui veut s’en emparer lyriquement,
un photomaton, Chet Baker, un gyrophare (qui est <i>« la boule à facette
des vieux »</i>), le loup et la grand-mère des contes ; et quand cette
dernière prépare le pot-au-feu, <i>« elle dit / L’écume c’est la salive
qui remonte / la salive des animaux »</i>. L’enfant est là, bien sûr, il
écoute sa grand-mère, qui lui dit <i>« Toi tu parles tellement que / si on
te coupait la tête ce serait pas sérieux »</i>. Car <i>« en enfance,
on porte dix fois son poids en air / comme un cosmonaute »</i>. Ce
qu’on voit alors, <i>« c’est l’apesanteur / de la ressemblance »</i>,
celle qui permet tous les collages, toutes les associations, les
« comme » du poète. Car le poète, après tout, <i>« triche le
système solaire »</i> et teste <i>« des nouvelles planètes
d’équilibre »</i>. Reste à savoir <i>« jusqu’où la forme d’un enfant
/ résiste à la taquinerie des morts »</i>. Quoiqu’il en soit, <i>« enfant
je me frotte, jusqu’à la majorité / sur les carreaux, en pur sédentaire »</i>.
</span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>On
parlait plus haut de coq, or celui-ci <i>« apparaît dans les rêves / comme
la défaite éclairante d’objets réels »</i>. Et quand <i>« le loup est
là / novembre arrive / redoutez la rareté des mots »</i>. On ne
saurait dire que Botta la redoute, il est parfaitement à l’aise dans son bestiaire :
<i>« Le chien aime vivre / avoir des contacts / et chaque matin / il
change souvent de direction. / Après une longue journée / il fait disparaître
son anus / c’est la propreté »</i>.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>Sa
poésie parvient à conserver de l’enfance une capacité à l’invention qui est
totale et sait tout faire car en elle <i>« les personnes brillent
d’elles-mêmes / changeant les poses standards une à une »</i>. Dès lors,
depuis cette merveilleuse enfance pérenne, <i>« la bouche est en
place »</i> et <i>« une douce conversation commence »</i>.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 10.5pt; line-height: 150%;">Jean-Daniel
Botta – <i>Tutu</i> [Vanloo, 140 pages, 18 euros]</span></p>
<p><style>@font-face
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la dérive dans les rues de Buenos Aires, <i>« ville monstre »</i> où <i>« les
lumières qui viennent sur lui »</i> sont <i>« comme les yeux toujours
ouverts d’animaux au pouls agité »</i>. On en sait peu sur ce personnage,
si ce n’est de simples initiales, « FG », et qu’il est de retour d’un
pays désertique en guerre, la Syrie peut-être. FG, là-bas, était soldat ou
croit qu’il l’était (difficile de s’assurer de la véracité de ses dires) et se
considère maintenant porteur d’une mission secrète à réaliser en Argentine,
mission pour laquelle il attend des instructions qui ne viennent pas de la part
de contacts qui ne le contactent pas. Emporté dans un délire paranoïaque qui
convertit tout en signe (et une « ville monstre » est évidemment
saturée de signes), il s’invente en permanence des raisons d’attendre ou de
poursuivre cette fameuse mission dont il ne sait rien, comme si son délire –
produit, certainement, d’un trauma – devait rester incomplet, tel que l’est FG
lui-même, et que l’invention qui l’accompagne était toujours boiteuse. En guise
de contrepoint à ce récit halluciné, écrit au rythme heurté d’une langue en
déséquilibre, qui suit <i>« l’arythmie du promeneur nerveux »</i>,
María Sonia Cristoff raconte ses propres pérégrinations à Bordeaux, sur les
traces d’Albert Dadas, un <i>« livre inachevé »</i> qui tente de
déchiffrer un autre mystère parallèle à la folie contemporaine de FG :
celui de ce Dadas, <i>« voyageur aliéné »</i> du XIX<sup>ème</sup>
siècle incapable de rester en place, fugueur maniaque qu’une obsession
incontrôlable poussait à marcher et marcher encore, dans un état
d’inconscience, à travers la France, voire jusqu’à la lointaine Russie. Le
docteur Tissié s’est penché sur ce cas clinique et c’est aussi à travers ce
regard, celui d’un médecin de son temps, que Cristoff le dessine. Dadas et FG
pourraient ainsi être deux incarnations d’une même incapacité à rester présent
dans le réel tel qu’il est. María Sonia Cristoff explore avec subtilité les
interstices de la raison déraisonnante.<span style="mso-spacerun: yes;">
</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 11.0pt; line-height: 150%;">María
Sonia Cristoff – <i>Mal d’époque</i> [Traduit de l’espagnol (Argentine) par
Anne Plantagenet – Éditions du sous-sol, 212 pages, 22 euros]</span></p>
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{page:WordSection1;}</style></p>Guillaume Contréhttp://www.blogger.com/profile/00589262091720963299noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7744567062777624621.post-78141940509924199932023-01-14T15:37:00.002+01:002023-02-07T15:44:01.547+01:00Lotte H. Eisner – J’avais jadis une belle patrie, Mémoires<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"> <b><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Une vie pour le cinéma</span></b></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Marraine du cinéma allemand, grande
figure intellectuelle du XX<sup>ème</sup> siècle, Lotte H. Eisner fut un
personnage hors-normes. Ses mémoires, enfin traduites, sont l’occasion de se
replonger dans une vie passionnante qui est aussi celle de notre héritage
culturel.</span></i></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></i></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></i></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj-ZPtCsS8gEJIXq_5l29Wuc1fIb7zwQe8gABeJspiEfDtmv9BIEM6D5jjgm4RscLwagoDCx-z2RB5e-CdyTR2Tt_k7qNUzed2NOy21tVSTGI2viB8oITvkSuNnDwz7ZuSb5PTiw6E5BEolMgmAMxSe5hAPisFU2LZ3N_1T-55TYeaiH92dU8jjU2GEhA/s650/M2022_Livre_%20Lotte%20Eisner_grande%20image.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="650" data-original-width="493" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj-ZPtCsS8gEJIXq_5l29Wuc1fIb7zwQe8gABeJspiEfDtmv9BIEM6D5jjgm4RscLwagoDCx-z2RB5e-CdyTR2Tt_k7qNUzed2NOy21tVSTGI2viB8oITvkSuNnDwz7ZuSb5PTiw6E5BEolMgmAMxSe5hAPisFU2LZ3N_1T-55TYeaiH92dU8jjU2GEhA/s320/M2022_Livre_%20Lotte%20Eisner_grande%20image.jpg" width="243" /></a></i></div><i><br /></i><p></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></i></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Personnalité aussi extravagante
qu’originale, dont le parcours se situe au carrefour de ce que le XX<sup>ème</sup>
siècle aura eu de plus terrible mais aussi de plus formidable, Lotte H. Eisner,
critique de cinéma, pionnière de la cinémathèque française auprès du <i>« monstre »</i>
Henri Langlois, intime des plus grandes figures de l’avant-garde de
l’entre-deux-guerres, soutien indéfectible des principaux réalisateurs de
l’après-guerre, ne pouvait qu’écrire des mémoires passionnantes. Encore que le
terme « écrire » ne soit pas le bon, puisque <i>J’avais jadis une
belle patrie</i>, publié en allemand en 1984, peu de temps après la mort
d’Eisner, est en réalité constitué de <i>« propos recueillis par Martje
Grohmann »</i>, la première femme de Werner Herzog (lequel vouait une
admiration sans borne à celle qu’on surnommait <i>« la eisnerin »</i>).
Le livre est donc très oral et c’est cette verve particulière qui lui donne
tout son charme, d’autant qu’Eisner n’a pas la langue dans sa poche. Une Lotte
qui <i>« associe volontiers ce nom au mot italien </i>lotta<i>, la lutte,
car ma vie n’a été qu’une longue lutte, à l’exception du tout début dont le
calme était trompeur »</i>.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>Ce
calme trompeur, c’est celui de son enfance privilégiée au sein d’une famille
juive aisée avant que n’éclate la première guerre, un monde disparu qu’elle
évoque dans un mélange de nostalgie et de lucidité, car sa vie mouvementée lui
aura donné une conscience aiguë des injustices. Eisner était une personnalité
aux convictions fortes, parfois obstinées, à l’intelligence et à l’humour
dévastateur (ceux qui avaient le tort de lui déplaire en prennent pour leur
grade). Si elle fut d’une grande générosité, elle se montre parfois
brutale : ainsi se félicite-t-elle de ne pas avoir eu d’enfants car <i>« des
enfants auraient vidé mes entrailles de toute créativité »</i>. Elle qui
se retrouva dans le <i>« collimateur »</i> des nazis avant même leur
accession au pouvoir (<i>« lorsque les têtes rouleront, cette tête
roulera »</i>, lui auguraient-ils), et dut en conséquence fuir au plus vite
Berlin pour Paris, aura néanmoins su, toujours, n’en faire qu’à sa tête, quitte
à bouffer de la vache maigre. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>Dans
une vie comme la sienne, l’année 1933 est évidement une coupure absolue. De
fait, ses mémoires s’organisent en deux séquences qui définissent tout son
parcours : <i>« Souvenirs d’une patrie »</i>, tout d’abord, soit
l’irrésistible ascension d’une jeune femme brillante dans le Berlin
expressionniste, qui ne tarde pas à se faire une place comme critique de
premier plan et côtoie le gratin artistique ; puis <i>« Les longues
vacances de Lotte Eisner »</i>, une vie d’exilée au cours de laquelle la rencontre
avec un très jeune Henri Langlois, à la fin des années 30, aura une importance
fondamentale. Elle voit aussitôt <i>« un don exceptionnel encore invisible
pour les autres » </i>chez ce passionné qui entasse des bobines de film
dans sa baignoire et qui <i>« le jour du bac ne trouva pas le temps de se
présenter à l’examen car il avait prévu de voir trois films à la suite »</i>.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify; text-indent: 35.4pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Si elle parvient à
échapper à la déportation (ce qui ne sera pas le cas de sa mère), elle n’en
connaîtra pas moins les camps du sud de la France, des mouroirs où
s’entassaient déjà dans des conditions inhumaines les républicains espagnols.
Ce n’est que grâce à sa débrouillardise et son incroyable capacité à garder la
tête haute dans les pires situations qu’elle en sortira vivante. Ce seront alors
des années de clandestinité, durant lesquelles l’aide de Langlois sera
fondamentale, puis, à la libération, l’aventure de la cinémathèque et la
rédaction de livres essentiels sur l’expressionisme, mouvement qu’elle sauvera
de l’oubli et replacera comme pièce maîtresse de l’histoire du siècle (Breton
ne s’y trompera pas, saluant ainsi dans une lettre la <i>« valeur
fondamentale »</i> de son travail).</span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify; text-indent: 35.4pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Ses mémoires sont aussi
l’occasion de dresser le portrait des artistes et cinéastes qui auront été ses
compagnons de route. Des portraits souvent empreints de mélancolie ; ainsi,
bien que Fritz Lang ait su s’adapter aux exigences industrielles de la machine
hollywoodienne, elle nous décrit sa vie américaine comme terriblement
solitaire. La mélancolie cède parfois la place à la perplexité : si Eisner
prend la défense du jeune Brecht qu’elle a bien connu, dont le mélange
d’arrogance et de timidité ne lui faisait pas que des amis, elle a bien du mal
à comprendre sa décision de s’installer après la guerre à Berlin Est et
cautionner ainsi, en jouissant d’un confortable salaire, un régime autoritaire.
Car la question morale, pour Eisner, qui avait vu l’inhumanité de près, est
fondamentale.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 11pt; line-height: 150%;">Lotte
H. Eisner – <i>J’avais jadis une belle patrie, Mémoires</i> [Traduit de
l’allemand par Marie Bouquet – Marest, 430 pages, 27 euros]</span></p>
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{page:WordSection1;}</style></p>Guillaume Contréhttp://www.blogger.com/profile/00589262091720963299noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7744567062777624621.post-38386837065981793252023-01-12T15:34:00.002+01:002023-02-07T15:44:20.929+01:00Jean-Pierre Le Goff – Journal de neiges<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><b><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Songeries neigeuses</span></b></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><b><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></b></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><b><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"></span></b></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><b><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhSicatbrybV3e0Buo6OajPMg2Jr6vPhU3p22PHZ8DVxpaJrwuPNJ8KwZjODAQWbIzYAuMsJ-6hrQo21twAcd-sQcb3kHDjHXlcnIql8QKAqiGDNbfXin_CoKy9KQeGYYVlkTMFz1JLNafQPIxyU-KwmAaGADrmRiZeKZwG-rIwEmDnak-AFGBsODkc8A/s580/20_9782912753632_1_75.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="580" data-original-width="385" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhSicatbrybV3e0Buo6OajPMg2Jr6vPhU3p22PHZ8DVxpaJrwuPNJ8KwZjODAQWbIzYAuMsJ-6hrQo21twAcd-sQcb3kHDjHXlcnIql8QKAqiGDNbfXin_CoKy9KQeGYYVlkTMFz1JLNafQPIxyU-KwmAaGADrmRiZeKZwG-rIwEmDnak-AFGBsODkc8A/s320/20_9782912753632_1_75.jpg" width="212" /></a></b></div><b><br /> </b><p></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Poète discret, Jean-Pierre Le Goff a
construit jusqu’à sa mort en 2012 une œuvre très personnelle qui le poussera à abandonner
l’écriture en faveur d’une <i>« poésie en action »</i> à laquelle il
conviait par courrier un groupe d’amis et de connaissances (des <i>« petits
papiers »</i> réunis en 2000 chez Gallimard sous le titre <i>Le cachet de
la poste</i>). Alors que les éditions Le Cadran ligné annonce pour l’année
prochaine un fort volume de textes inédits, la réédition du tout premier livre
de Le Goff, initialement paru en 1980, vient à point nommé. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify; text-indent: 35.4pt;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Journal de neiges</span></i><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> est un carnet de bord où le poète note
les impressions que suscite en lui l’observation de la neige, cette brève
féérie hivernale qui accompagne la <i>« gifle salubre »</i> du froid.
Ce manteau duveteux qui se pose sur toute chose pour mieux les embellir (ou
finir, hélas, en boue informe) est un spectacle qui <i>« par sa
réverbération particulière ouvre le psychisme</i> » car « <i>les
cristaux, incidemment, coulent leurs empreintes sur la plaque sensible et
encore occulte de nos neurones ». </i>Peut-être contiennent-ils,
d’ailleurs, le souvenir des vieilles alchimies. La neige, quoi qu’il en soit,
est un émerveillement qui permet de maintenir alerte le regard de l’enfance. Elle
offre de beaux miroitements à notre finitude : <i>« La plaine
illimitée de neige est celle de l’avant-naissance qui se mire dans la mort,
elle est la page blanche de l’incréé qui se reflète dans une conscience qui
sait qu’elle disparaîtra un jour »</i>. Elle est aussi objet de rêverie scientifique
quand le poète voit en elle <i>« une émulsion d’origine lunaire et le
négatif de la nuit »</i> et qu’il la définit comme <i>« la
transformation de la solution sombre et épaisse de la nuit en une granulation
blanche et aérienne produite par l’intrusion d’un rayon de lune à l’onde
particulière »</i>. Assis avec son carnet à la table du café, il la voit
tomber et se demande si ce n’est pas la <i>« précipitation »</i> de ses
propres mots qui l’aurait convoquée.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 11pt; line-height: 150%;">Jean-Pierre
Le Goff – <i>Journal de neiges</i> [Librairie La Brèche éditions, 72 pages, 14
euros]</span></p>
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existentielle</span></b></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Réédition d’une des grandes
réussites de l’Écossaise Muriel Spark, ironiste subtile dans la meilleure
tradition des lettres d’outre-Manche.</span></i></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></i></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"></span></i></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj06LJZFUwbg58KGWN-fqUwfPMsDX6_onY9yF60addN7C_3K9OiYoqtMy9o6IhLZRpwiTwwMV3gNtZNH3dZk_v2yj-bP9M-ibuWQKsRtNopd8b7wtTmfUQcuTNNryrLjgrJ086mH0Dc1qg5fPhWBXQvzZnN8H_zj-jEv4IfxJTab5KT_D1jHCdJFBb7Vw/s597/Demoiselles-aux-moyens-modestes.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="597" data-original-width="400" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj06LJZFUwbg58KGWN-fqUwfPMsDX6_onY9yF60addN7C_3K9OiYoqtMy9o6IhLZRpwiTwwMV3gNtZNH3dZk_v2yj-bP9M-ibuWQKsRtNopd8b7wtTmfUQcuTNNryrLjgrJ086mH0Dc1qg5fPhWBXQvzZnN8H_zj-jEv4IfxJTab5KT_D1jHCdJFBb7Vw/s320/Demoiselles-aux-moyens-modestes.jpg" width="214" /></a></i></div><i><br /> </i><p></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">De 1957 à 2004, Muriel Spark a
publié 22 romans ramassés, non dépourvus d’humour noir, dans lesquels une
galerie de personnages extravagants (les uns naïfs ou exaltés, les autres
manipulateurs) interagit dans une trame narrative dense et complexe dont la
logique secrète, parfois dramatique, se révèle peu à peu, lorsque les pièces de
son puzzle commencent à s’emboîter. Spark ne s’encombrait pas de psychologie et
son œuvre entière est un prodigieux effort de dégraissage du roman. Sur un mode
sarcastique, en digne héritière d’écrivains comme Ivy Compton-Burnett ou Evelyn
Waugh, elle a construit une œuvre de moraliste sans morale explicite, où les
faits parlent d’eux-mêmes. À l’instar de Waugh, d’ailleurs, elle s’est convertie
au catholicisme (un évènement qu’elle considérait fondateur pour son travail
d’écrivain), et ce sont donc les motivations cachées derrière les actes des uns
et des autres qui l’intéressent. Des motivations qui restent, bien entendu,
ambigües, mais n’en répondent pas moins le plus souvent à la traditionnelle
liste des péchés capitaux (luxure, jalousie, avarice, etc.). Le diable est
souvent dans les détails chez Spark et les personnages diaboliques n’y manquent
pas, même si l’on peut parfois les confondre avec des anges. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>La
réédition de <i>Demoiselles aux moyens modestes</i>, excellent cru de 1963,
vient à point pour nous rappeler les prodiges d’efficacité et de concision
pince sans rire dont elle était capable (même si l’on regrettera que la
traduction un peu datée ne rende pas complètement justice à son économie
stylistique imparable). <i>« Jadis, en 1945, tous les gens bien étaient
pauvres, à quelques exceptions près »</i>. Dès la première ligne, le ton
est donné : raconter le passé récent comme s’il s’agissait d’une période
lointaine, presque mythologique, ce qui permet à l’auteur, tel un dieu omniscient,
pas toujours bien intentionné, de dévoiler le passé et surtout le futur de ses créatures,
afin de mieux mettre en perspective leurs actions (pour les dédouaner ou, l’air
de rien, les accuser).</span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>Nous
sommes donc à la fin de la guerre, dans un Londres mal en point, où le
rationnement est à l’ordre du jour. Dans le club May of Teck, <i>« fondé à
une innocente et lointaine date du temps d’Edward VII »</i>, des jeunes femmes
vivent ensemble en attendant mieux. Ce microcosme est un bouillon de culture
idéal pour Spark, qui y dispose ses personnages-pions, lesquels forment une
fine équipe, de la jeune fille coincée, bien sous tous rapports, qui donne des
courts de diction en faisant déclamer à ses élèves des poèmes ampoulés (le livre
en est ponctué), à la sculpturale Selina, qui plaît aux hommes et pourrait bien
se révéler moins lascive qu’il n’y paraît, en passant par quelques
vieilles-filles typiques de la littérature anglaise, des femmes mûres et comme
il faut qui jouissent d’une sorte de dispense papale leur permettant de
continuer de séjourner au club, et enfin Jane, qui réalise un <i>« travail
intellectuel »</i> pour le compte d’un éditeur douteux, ce qui lui vaut le
respect de toute la petite communauté. Cette dernière écrit également de
fausses lettres d’admirateurs à divers écrivains célèbres dans l’espoir d’une réponse
autographiée et donc monnayable, ce qui ne marche pas toujours : <i>« comme
vous dites ne pas désirer d’argent, je ne vous forcerai pas à accepter ma
signature olographe, qui présente une certaine valeur marchande »</i>, lui
répond – à la machine, sans signer – George Bernard Shaw. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>L’art
du récit sparkien se construit par brèves scènes, précises, faussement
désordonnées, ce qui lui permet de raconter la brutale transition d’un monde à
l’autre que délimite la guerre qui s’achève. La part de tragédie qu’on y lira pourra
aussi s’interpréter métaphysiquement, car l’heure du jugement n’est jamais là
où on l’attend.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 11.0pt; line-height: 150%;">Muriel
Spark – <i>Demoiselles aux moyens modestes </i>[Traduit de l’anglais par Léo
Dilé – Pavillons Poche, 192 pages, 8,50 euros]</span></p>
<p><style>@font-face
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{page:WordSection1;}</style></p>Guillaume Contréhttp://www.blogger.com/profile/00589262091720963299noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7744567062777624621.post-71192107220481788842022-11-08T18:04:00.005+01:002022-11-27T18:10:28.828+01:00Daniel Guebel – L’absolu
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><b><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Des génies fracassés</span></b></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">En Borges impudique, l’argentin Daniel
Guebel creuse les gouffres labyrinthiques de la quête d’absolu pour mieux
emporter le lecteur dans un roman dense et vertigineux.</span></i></p>
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{page:WordSection1;}</style><p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></i></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></i></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj2GK_BGejTClqI_scNfrg1oPXJPrKbAVb_BZgHDTs7N1EKrI7uSDsqCxgnxP46SV3Q2afjkBSsuyrJqJBwviN-dDPd_u0J8EtnOmlwdx7twPY6QoO5Y2nMyvWWpD58IXGtswJm976mR2MkvnuAn-P2UktsyD_EHEC2j4Um2B9LS8g-3-dajtSPl7Nx8Q/s286/product_9782072880261_195x320.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="286" data-original-width="195" height="286" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj2GK_BGejTClqI_scNfrg1oPXJPrKbAVb_BZgHDTs7N1EKrI7uSDsqCxgnxP46SV3Q2afjkBSsuyrJqJBwviN-dDPd_u0J8EtnOmlwdx7twPY6QoO5Y2nMyvWWpD58IXGtswJm976mR2MkvnuAn-P2UktsyD_EHEC2j4Um2B9LS8g-3-dajtSPl7Nx8Q/s1600/product_9782072880261_195x320.jpg" width="195" /></a></i></div><i><br /></i><p></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Depuis la parution de son premier livre
en 1987, Daniel Guebel a construit une œuvre ambitieuse dont l’érudition, aussi
vaste qu’ironique, est au service d’une interprétation délirante du réel. Dans
une langue qui passe sans encombre du raffinement aux emportements les plus crus,
il s’agit de construire des récits pleins de virages abrupts qui n’en sont pas
moins portés par un vrai talent de conteur. C’est bien parce que, telle
Shéhérazade, il a l’art de nous mener en bateau que Guebel peut tout se
permettre dans ses romans. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify; text-indent: 35.4pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Les <i>Mille et une
nuits</i> sont d’ailleurs une référence constante pour l’auteur, qui y puise à
la fois la matière du merveilleux (un miroir déformant où refléter l’instable
identité argentine, comme si cette dernière était un conte de fées) et la
liberté que permettent les récits-gigogne. Ainsi, dans le seul de ses romans
traduits précédemment, <i>L’homme traqué </i>(L’Arbre vengeur, 2014), grande
fuite en avant épileptique où un personnage devient tous les personnages
possibles, on trouve un épisode qui n’a rien à envier à la magie
orientale : la découverte sous les eaux d’une perle huitrière géante aux
reflets enchanteurs.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span><i>L’absolu
</i>est son œuvre maîtresse. Il y invente une généalogie fictive au compositeur
russe Alexandre Scriabine, pionner des avant-gardes. Celui-ci chercha à créer
littéralement la musique des sphères avec sa pièce inachevée <i>Mysterium</i> qui
devait convoquer tous les sens, des « claviers à lumière » aux
caresses corporelles. Exécutée dans un dôme spécialement conçu situé au sommet
de l’Himalaya, elle était censée faire entrer en résonnance l’univers. Lequel,
certainement, résonne dans ce roman aussi excessif que subtil, puisqu’il nous
mènera, de générations en générations et selon un apparent paradoxe, jusqu’au
Big-Bang.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>C’est
évidemment l’idée d’un art voué à l’échec de par ses prétentions totalisantes mêmes
qui intéresse Guebel : l’absolu, qu’il soit sensible, intellectuel,
politique ou religieux, est par essence impossible à attendre. Tout artiste,
nous dit-il en substance, est un raté et c’est bien cette condition qui le
justifie. La vie, après tout, pour citer une des épigraphes, n’est qu’un <i>« songe
fébrile »</i>.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>Le
premier de ces génies en quête d’une <i>« parole juste »</i> – ce qui,
nous rappelle l’auteur, <i>« n’est pas la même chose qu’une phrase
complète » </i>–, c’est Frantisek Deliuskine. Homme mélancolique et
patraque malmené par un médecin délirant, il cherche à réinventer la musique
par la voie de la fornication dans les arrière-cours boueuses de la Russie
du XVIII<sup>ème</sup> siècle. Sorte de Sade parodique, il connaît tardivement
une reconnaissance dont il ne peut guère jouir, et laisse un fils, Andreï, <i>« esprit
suprême »</i> qui révolutionnera sans le savoir la pensée politique et
influencera Lénine grâce à ses annotations en marge des écrits d’Ignace de
Loyola, fondateur des Jésuites. Il en ressort que <i>« sous les apparences
inoffensives d’un manuel d’ascétisme destiné à provoquer des théophanies en
série, les </i>Exercices spirituels<i> sont en réalité un traité crypté pour la
recherche, la sélection et l’entraînement d’un groupe d’illuminés aspirant à
s’emparer du pouvoir »</i>. Andreï se retrouve ensuite embarqué dans la
campagne d’Égypte d’un Napoléon jaloux de Joséphine qui le fait cocu à Paris.
Ainsi, confie l’empereur, <i>« si l’herméneutique est l’effort, aussi
audacieux qu’inutile, pour rendre actuel un sens tombé dans l’oubli,
permettez-moi alors de vous raconter comment toute la campagne d’Égypte n’est
rien d’autre qu’une nouvelle tentative pour redonner à la vie le sens de mon
sacrifice devant l’autel de l’amour »</i>.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>Les
générations se suivent et on passe à Esaü, condamné à <i>« la défense de
l’héritage paternel »</i>, une idée, peut-être, <i>« qui courtise le
vide »</i>. En voulant mettre en pratique les concepts révolutionnaires de
son père, voici qu’il tombe en prison, à la merci d’un despote fantasque qui
lui joue toute sorte de tours, lesquels poussent dans leurs derniers
retranchements les notions de liberté, de libre-arbitre et de soulèvement. On
en vient enfin à Scriabine ou à une version de celui-ci, Guebel faisant ce qui
lui chante avec les dates historiques. Son Scriabine patauge dans le <i>« bourbier »
</i>de la théosophie auprès de Mme Blavatsky, fasciné par la <i>« version
abrégée des questions fondamentales »</i> qu’elle lui présente. Son
Scriabine, surtout, est incapable de comprendre sa femme. La complexité des
relations de couple est un autre des thèmes fétiches de l’Argentin, et les
hommes – pusillanimes, obnubilés – n’en sortent pas grandis.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify; text-indent: 35.4pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">La saga se poursuit et
s’achève en Argentine, avec le frère de Scriabine, pianiste exceptionnel qui
dépérit lors de tournées lamentables, comme égaré <i>« sur la carte des
destins inégaux »</i>. Sa fille est la narratrice du livre et, tandis qu’elle
se perd « <i>dans la ligne imaginaire qui s’ouvrait derrière les
miroirs »</i>, c’est le fils de cette dernière qui clôt le récit en
tentant d’aller encore plus loin que son auguste ligné : si <i>« les
génies ouvrent des brèches dans le champ du connu et font entrer le feu de la
nouveauté, ces magmas remontent à la surface et cristallisent bientôt », </i>lui,
en revanche, cherche à <i>« obtenir que la flamme de l’éternel cautérise
dans notre chair la blessure de la mort »</i>. L’éternité, donc, dont il
découvre la possibilité aux détours des pages d’une revue populaire. Voici
qu’il construit une improbable machine à voyager dans le temps. S’il cherche la
réponse à sa quête dans le futur, c’est aux origines mêmes de tout qu’il
atterrit.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify; text-indent: 35.4pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Ce prodigieux roman
philosophique et blagueur, concis et expansif, convoque le sublime et le
ridicule en un nœud serré afin d’entrapercevoir le <i>« chant du salut
universel »</i>.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 11.0pt; line-height: 150%;">Daniel
Guebel – <i>L’absolu</i> [Traduit de l’espagnol (Argentine) par Gersende
Camenen – Gallimard, 496 pages, 24 euros]</span></p>
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<p><style>@font-face
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{page:WordSection1;}</style></p>Guillaume Contréhttp://www.blogger.com/profile/00589262091720963299noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7744567062777624621.post-74926469379607674952022-06-21T22:44:00.001+02:002022-07-17T22:48:29.420+02:00Max Aub – Jusep Torres Campalans <p>
</p><p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><b><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Vie imaginaire</span></b></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Réédition d’un livre majeur de Max
Aub, où il décrit pat le menu la vie et l’œuvre d’un étrange peintre catalan,
catholique et anarchiste, qui finira par préférer le farniente chez les indiens
du Chiapas.</span></i></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></i></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><i></i></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEigzx6vO_zbTvz5rcoYiwh4c_B1cAB3j8bmg4a9vQtK6W-V10Dbr3gLiS7dwXiuDJS-6_7KTaApa_O7NMDfvNWfE8Rjfp4s2yijlL-gCV7j559vUgJ9YFP6pqAPdxEXb7yLnQWn-mkeO_WWcEWTu74TVlFDGnhYmQLVSVXv_7dkKaSR6TNahLXJgVPExw/s2421/91qVvQc0uvL.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="2421" data-original-width="1654" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEigzx6vO_zbTvz5rcoYiwh4c_B1cAB3j8bmg4a9vQtK6W-V10Dbr3gLiS7dwXiuDJS-6_7KTaApa_O7NMDfvNWfE8Rjfp4s2yijlL-gCV7j559vUgJ9YFP6pqAPdxEXb7yLnQWn-mkeO_WWcEWTu74TVlFDGnhYmQLVSVXv_7dkKaSR6TNahLXJgVPExw/s320/91qVvQc0uvL.jpg" width="219" /></a></i></div><i><br /><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"><br /></span></i><p></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></i></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Pour quelques mystérieuses raisons,
on ne retient de Max Aub en France qu’un petit précis d’humour noir, ses <i>Crimes
exemplaires</i>, maintes fois réédités. Le reste de son œuvre, à commencer par
son cycle monumental sur la guerre d’Espagne, <i>Le labyrinthe magique</i>
(entièrement traduit il y a une dizaine d’années chez Les Fondeurs de briques),
reste largement ignoré. C’est peut-être dû en partie à sa condition, si l’on
peut dire, « d’apatride » : né français d’un père allemand, il devient
espagnol à l’adolescence, connaît la douloureuse expérience des camps français
à la fin de la guerre civile (ce qu’il raconte dans son <i>Manuscrit Corbeau</i>),
puis part pour le Mexique en 1942, pays où il passera le reste de sa vie et
dont il adoptera la nationalité. Mais c’est bien l’Espagne, toujours, cette
patrie qui l’aura condamné à l’exil et dont il avait adopté la langue, qui
restera au centre de ses préoccupations, ce que démontrera le curieux objet
littéraire aujourd’hui réédité (après une première parution française chez
Gallimard en 1961 qui passa complètement inaperçue).</span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span><i>Jusep
Torres Campalans</i>, comme son titre l’indique, est une biographie, celle d’un
peintre catalan de la première moitié du XX<sup>ème</sup> siècle, grand ami de
Picasso, qui aura été au centre de toutes les avant-gardes de l’époque, du fauvisme
au cubisme, en passant par l’abstraction ; au centre, également, de toutes
les beuveries et de toutes les disputes, et ce au centre même de tous les
centres : Paris. Ou pas, car personne ne se souvient de lui. Ce qui s’explique
sans doute par le fait qu’il n’a jamais existé, malgré tous les documents
(articles, photographies, entretiens) et toutes les œuvres reproduites dans ce volume
qui porte son nom. Rien au fil des pages, aussi bien dans l’édition mexicaine
de 1958 que dans la française paru trois ans plus tard, n’indique qu’il s’agit
d’un canular (les œuvres qu’on peut y contempler, parodiant divers travaux de
Picasso, Gris, etc., ont été réalisées par un ami d’Aub). C’était donc au
lecteur, à l’époque, qu’il revenait de déceler les indices qui pourraient lui
permettre de douter de l’existence réelle de ce « Don Jusepe » que
Max Aub prétend avoir rencontré par hasard en 1955 dans le Chiapas, où il se
serait exilé en 1914 pour fuir une guerre qui était une insulte à son idéalisme
anarchiste et catholique. Un départ qui le fit abandonner aussi définitivement
la peinture, domaine où il était peut-être le plus idéaliste. <span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify; text-indent: 35.4pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Un absolu artistique
qui s’exprime pleinement, entre autoréflexions et aphorismes, dans les pages de
son journal, un « cahier vert » reproduit in extenso qui aurait été
confié à Aub par le critique d’art Jean Cassou. <i>« Ne pas expliquer.
Jamais. Tout s’explique par le fait d’exister »</i>, y lit-on. Ou
encore : <i>« S’il était interdit de parler de peinture, beaucoup de
gens cesseraient de peindre. Nous découvririons alors la valeur de
chacun ». </i>Certains collègues en prennent pour leur grade : <i>« Matisse,
oui, en tant qu’épiderme. Beau costume pour habiller la peinture. Mais la peinture
là-dedans ? »</i>. Quoiqu’il en soit, <i>« c’est une erreur de
croire que ce que nous faisons est de la grande peinture. Nous préparons celle
de demain. N’est-ce pas suffisant ? »</i>. D’ailleurs, <i>« qui,
sachant peindre, ne peindrait pas ? Il faut arriver à faire une peinture
qui semble être faite par n’importe qui et qui, pourtant, ne puisse être faite
que par quelqu’un qui sait peindre »</i>.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify; text-indent: 35.4pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">À la fois passionné et
naïf, intense et taiseux, d’un sérieux à défoncer les moulins à vent et d’un
humour subtil, ce qui ne l’empêche pas de sembler par moments grandiloquent ou
ridicule, Campalans incarne une sorte de concentré de l’avant-garde espagnole
et de l’artiste tout court. Il est celui qui va de l’avant pour mieux revenir
aux origines, il découvre l’art « nègre » avant Picasso et revendique
un art primitif. Il ne faut pas s’étonner, dès lors, qu’il finisse par renoncer
à tout et parte au Mexique vivre avec les Indiens Chamulas pour se consacrer <i>« au
métissage »</i> (on apprendra au passage deux ou trois choses sur leur
étonnant syncrétisme religieux et leur cuisine ; Aub ne dédaigne pas le
savoir encyclopédique). </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span><i>Jusep
Torres Campalans</i> n’est donc pas qu’un simple jeu. En annonçant dès la
préface que le sujet du livre n’a jamais existé, l’éditeur Yves Pagès désamorce
le canular et nous permet de lire ce livre pour ce qu’il est : une œuvre
littéraire hybride qui, en réunissant une biographie, un catalogue d’œuvres, des
articles de presse, un journal, deux longues conversations, tous fictifs, accompagnés
d’un « chrono-panorama » très documenté qui replace le faux Campalans
dans la vraie réalité de l’histoire de l’art de son siècle, élabore une
réflexion sur les avant-gardes, leurs grandeurs et leurs apories, doublée d’une
histoire des utopies politiques, celles-là même qui connaitront une triste fin
en Espagne. Mais, comme le dit Campalans à Aub un soir de 1955, <i>« les
Espagnols, Monsieur, ne sont pas des gens bien élevés »</i>.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 11.0pt; line-height: 115%;">Max
Aub – <i>Jusep Torres Campalans</i> [Adapté de l’espagnol par Alice et Pierre
Gascar – Verticales, 2021, 338 pages, 21 euros]</span></p>
<p><style>@font-face
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{page:WordSection1;}</style></p>Guillaume Contréhttp://www.blogger.com/profile/00589262091720963299noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7744567062777624621.post-34606742828808585692022-06-19T22:36:00.001+02:002022-07-17T22:40:03.802+02:00Gabriel Josipovici – Hôtel Andromeda<p>
</p><p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><b><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">L’artiste et sa solitude</span></b></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Avec son élégance habituelle,
l’anglais Gabriel Josipovici tente une nouvelle fois de mettre le doigt sur ce
qui fait la grâce si particulière de l’artiste, cette figure à la fois
mélancolique et lumineuse.</span></i></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></i></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"></span></i></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgpt2PdLFka_3_bjdPuFdZISZZcwTFduD0fP7rQ7JvJBR-snF_KLqYkSdwedcfyHJ7lZyNWUzZzADtsO7KZocz8CPxSPHAcEDOUp03_fD67uEO2J64M8TTDISFlHBfQwTDUgC1PVKBzlQvlBizngSsUpeH_L4n7TqfGnOc_RSMQi-07nbnhxp3IiBgiQQ/s292/41EDLN36h4L._SX195_.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="292" data-original-width="195" height="292" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgpt2PdLFka_3_bjdPuFdZISZZcwTFduD0fP7rQ7JvJBR-snF_KLqYkSdwedcfyHJ7lZyNWUzZzADtsO7KZocz8CPxSPHAcEDOUp03_fD67uEO2J64M8TTDISFlHBfQwTDUgC1PVKBzlQvlBizngSsUpeH_L4n7TqfGnOc_RSMQi-07nbnhxp3IiBgiQQ/s1600/41EDLN36h4L._SX195_.jpg" width="195" /></a></i></div><i><br /> </i><p></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Josipovici aime les créateurs
excentriques, ceux qui, loin des modes et parfois même du monde, réalisent
patiemment une œuvre auto-suffisante mais pas nécessairement autiste pour
autant ; une œuvre, plutôt, qui invente ses propres règles comme une façon
de faire face à une vie pas toujours facile. Une manière, pour ainsi dire, de
trouver une place. Il y a peut-être, dans cette vision de l’artiste, quelque
chose de romantique chez Josipovici, mais il y a surtout, de sa part, une foi
dans les puissances de l’art et dans la force « lumineuse » – quand
bien même en proie à des affects et des blessures pas toujours claires – de
l’acte même de la création. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span><i>Hôtel
Andromeda</i>, dès son titre, renvoie à l’artiste américain Joseph Cornell, lequel,
dans sa maison du Queens, à New York, où il vivait avec une mère envahissante
et un frère handicapé dont il devait assumer malgré lui la charge, réalisait
dans son coin des boîtes-collages à la forte inspiration onirique à partir
d’éléments collectés dans les brocantes et sur les plages. Une œuvre très
personnelle qui lui valut l’admiration de nombreuses célébrités. Il est de ces
artistes dont l’univers si particulier ne saurait être séparé des conditions tout
aussi particulières de sa création, et c’est bien ce croisement entre l’art et
les conditions de vie – déterminantes – qui intéresse Josipovici (tout comme
dans <i>Infini – l’histoire d’un moment</i> il s’était penché sur un autre
excentrique de haute volée, le compositeur italien Giacinto Scelsi).</span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>Et
puisque la création artistique, aussi idiosyncratique soit-elle, ne saurait
être coupée du réel, Josipovici la met en parallèle avec le drame du monde,
incarné ici par <i>« l’arrivé de l’homme de Grozny »</i>, dans la vie
paisible – morne, dirait-elle – d’Helena, qui planche depuis son petit
appartement londonien sur un livre consacré à Cornell. Photographe de retour de
Tchétchénie où il a vu des horreurs sans fin, l’homme débarque dans la vie
d’Helena sur une recommandation de la sœur de cette dernière, qui travaille là-bas
dans un orphelinat. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>Ces
divers éléments s’organisent en brefs chapitres fortement dialogués, autant de moments
quotidiens où l’héroïne semble lutter avec le sujet de son livre, qu’elle tente
d’aborder par approximations successives, et lutter encore avec son amour
propre, comme si l’absence de communication avec sa sœur, laquelle regarde pour
ainsi dire le monde en face et tente même d’y intervenir, agissait en
révélateur de sa propre petitesse, elle qui ne fait qu’écrire des livres que peu
de gens lisent sur des artistes auxquels peu de gens s’intéressent.<span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span><i>« Même
si tout le monde est un peu bizarre et même si les prédécesseurs et
contemporains de Cornell dans le domaine du recyclage des détritus – Picasso,
Duchamp, Schwitters – n’étaient pas des modèles de respectabilité bourgeoise,
Cornell était autre chose. Contrairement à eux, il n’avait aucune idée de la
manière de vivre dans le monde. »</i> Cornell est un inadapté en proie à
des désirs troubles qui recrée dans ses collages en trois dimensions un univers
à la fois intime et cosmique, et l’Helena qu’invente Josipovici pour nous
parler de lui est, elle aussi, à sa façon sans doute plus banale, une personne <i>« un
peu bizarre »</i>. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>C’est
au fond la question de la solitude qui ne cesse de revenir dans ce livre, celle
de Cornell sur une photo prise à la fin de sa vie, alors que les deux personnes
qu’il avait tant aimées et tant haïes, sa mère et son frère, sont morts ;
celle, aussi, d’Helena, qui ne cesse d’aller rendre visite à sa voisine âgée du
dernier étage et à l’écrivain qui vit au sous-sol pour leur faire part de ses
difficultés à cerner son objet d’étude et, peut-être, à se cerner elle-même. Josipovici,
par touches délicates, met en scène cette fragilité.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 11.0pt; line-height: 115%;">Gabriel
Josipovici – <i>Hôtel Andromeda</i> [Traduit de l’anglais par Vanessa Guignery
– Quidam, 2021, 176 pages, 19 euros]</span></p>
<p><style>@font-face
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{page:WordSection1;}</style></p>Guillaume Contréhttp://www.blogger.com/profile/00589262091720963299noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7744567062777624621.post-53830695356684307632022-06-14T22:29:00.003+02:002022-07-17T22:33:21.567+02:00Roberto Arlt – La danse du feu<p>
</p><p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><b><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Un drame urbain</span></b></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Cette réédition du dernier roman de
l’argentin Roberto Arlt est l’occasion de redécouvrir son talent pour décrire
la ville comme un espace aliénant où grouillent les vies mornes.</span></i></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></i></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"></span></i></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhRbNh4LnDbMC4c6TmshMaJOAah8PJmQutn5Nn2ywrTk_bvVYkA0fe8qTrKSap680Cv9MfwarMXseMk-tsQuXmZltJYZTDhmgMhoCxVTrXiEOEEymCio2y0A08jAY4Y1jl1LZh0GcF5DT1a9wWL3A-AgK8XqBcDDT2KwtvnWmd7aDp9BPZtWPoBgPxzZw/s1044/Roberto-Arlt-La-Danse-du-feu_COUV-bandeau-680x1044.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1044" data-original-width="680" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhRbNh4LnDbMC4c6TmshMaJOAah8PJmQutn5Nn2ywrTk_bvVYkA0fe8qTrKSap680Cv9MfwarMXseMk-tsQuXmZltJYZTDhmgMhoCxVTrXiEOEEymCio2y0A08jAY4Y1jl1LZh0GcF5DT1a9wWL3A-AgK8XqBcDDT2KwtvnWmd7aDp9BPZtWPoBgPxzZw/s320/Roberto-Arlt-La-Danse-du-feu_COUV-bandeau-680x1044.jpg" width="208" /></a></i></div><i><br /> </i><p></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Quatrième et dernier roman de son
auteur, publié en 1932, <i>La danse du feu</i> conclut un cycle entamé en 1926
avec <i>Le jouet enragé</i> et poursuivit dans le diptyque <i>Les sept fous/Les
lance-flammes</i>, dans lesquels des personnages idéalistes, pusillanimes et
angoissés subissent l’aliénation d’une grande métropole urbaine que Roberto
Arlt, en Argentine, aura pour ainsi dire inventé littérairement. Buenos Aires,
bien entendu, ne l’avait pas attendu pour devenir tentaculaire, à mesure
qu’elle se remplissait d’immigrés venus tenter leur chance depuis les quatre
coins de l’Europe ou d’ailleurs et que les immeubles prétentieux s’y
disputaient aux bidonvilles. Mais c’est lui qui, le premier, certainement, aura
su la décrire dans toute sa démesure et faire entrer de plain-pied dans la
fiction ce paysage fait de <i>« deux villes superposées : celle des
gratte-ciels, au fond, et celle des maisons basses qui étend au-dessous sa
ligne horizontale fracturée »</i>. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify; text-indent: 35.4pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">On a souvent dit de la
littérature de Arlt – ce <i>« survivant-né »</i>, comme le qualifiait
Bolaño – qu’elle était le curieux fruit d’une culture approximative, faite de lectures
hâtives et désordonnées de mauvaises traductions, et d’une capacité prodigieuse
de saisir avec acuité la réalité populaire de la grande ville (une acuité dont
les écrivains bourgeois d’alors n’auraient su faire preuve). C’est
particulièrement frappant dans le cas de cette <i>Danse du feu</i> qui, s’il
n’est pas le meilleur roman de Arlt, n’en reste pas moins un drôle d’objet :
une sorte de feuilleton sentimental comme il s’en écrivait et publiait des
pelletées à l’époque, mais pour ainsi dire baigné dans l’acide d’un regard
cruel qui n’a qu’une envie, celle de réduire en miettes les conventions
sociales corsetées et hypocrites de son temps. <span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify; text-indent: 35.4pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">De l’idéalisme au
cynisme il n’y a parfois qu’un pas, et c’est bien entre ces deux pôles
qu’oscille en permanence Estanislao Balder, ultime avatar arltien du citadin anonyme
et frustré ; un parmi d’autres dans une ville qui en fourmille. Un type
coincé dans une vie insatisfaisante et dont les aspirations incertaines,
peut-être inexistantes au-delà du simple désir d’aspirer à quelque chose, sont
condamnées au néant. Le roman s’ouvre sur une scène où Balder, <i>« à la
recherche du drame »</i>, <i>« son costume bien repassé et son nœud
de cravate fixé au centre mathématique du col »</i>, s’apprête à déclarer
à la mère de la jeune Irene qu’il s’est épris de sa fille, lui un homme
marié ! </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify; text-indent: 35.4pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Ainsi commence le
vaudeville existentiel d’un homme à la vie terne, lequel, comme tant d’autres de
ses connaissances dont il ne cesse de critiquer les comportements, attrapés qu’ils
sont entre leurs femmes et leurs maîtresses – autant de pauvres conventions qu’ils
acceptent trop placidement à son goût –, est pris au piège <i>« de la
somme de contradictions mises en jeu, dans le mécanisme psychologique de l’être
humain, par la grise monotonie de la ville »</i>. Une ville qu’Arlt décrit
brillamment, que ce soit les alentours de la gare de Retiro – ses édifices, ses
publicités omniprésentes, son bruit et son agitation incessante –, ou le trajet
en train qui le conduit jusqu’à la ville de Tigre où habite sa fiancée, en
traversant des kilomètres de banlieue chaotique. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify; text-indent: 35.4pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Balder est un homme qui
pense trop et patauge dans sa <i>« volonté tarée »</i>, dans
l’éternel aller-retour des <i>« excès les plus opposés »</i>. <i>« Sa
permanente anxiété sollicitait une compagnie féminine qu’il repoussait presque
aussitôt qu’il l’avait obtenue »</i>, nous dit de lui l’auteur : <i>« là
où il pensait trouver un palais, il découvrait une cabane »</i>. Dans des
dialogues imaginaires fébriles, en tous points dignes d’un insomniaque, il
craint <i>« l’appel du chemin ténébreux »</i>, qui pourrait bien être
celui où le voyageur impénitent – voyageur, il va sans dire, mental – se voit
contraint d’abandonner tout espoir. <i>« Néanmoins »</i>,
confie-t-il, <i>« j’aimais cette vague de cendre qui pleuvait sur moi
jusqu’à me submerger. J’aspirais à me noyer dans l’absolue négation de tout
idéal, à m’engloutir dans le matérialisme de ces femmes qui se figuraient avoir
de la religion parce qu’elles laissaient deux veilleuses allumées jour et nuit
devant la Vierge de Luján »</i>.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify; text-indent: 35.4pt;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">La danse du feu</span></i><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> est une sorte de drame sec et
parfois baroque dans son écriture qui cherche à décrire dans tous ses méandres
le puzzle des aspirations incertaines d’un homme jeune et déjà revenu de tout –
alors même qu’il semble ne pas avoir décollé – qui croit pouvoir chiffrer dans
la relation bancale qu’il tisse avec une jeune femme idéalisée une réalisation
impossible. L’amertume et la déception résignée semblent être les seules récompenses
qui l’attendent.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 11.0pt; line-height: 115%;">Roberto
Arlt – <i>La danse du feu</i> [Traduit de l’espagnol (Argentine) par Lucien
Mercier – Cambourakis, 2021, 312 pages, 12 euros]</span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify; text-indent: 35.4pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span></p>
<p><style>@font-face
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{page:WordSection1;}</style></p>Guillaume Contréhttp://www.blogger.com/profile/00589262091720963299noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7744567062777624621.post-75661244947973490242022-06-09T22:22:00.004+02:002022-07-17T22:26:41.206+02:00Copi – Le bal des folles<p>
</p><p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><b><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Le grand bal masqué</span></b></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Réédition d’un roman essentiel de
Copi, artiste multicarte qui fait du délire narratif et de la fuite en avant
une grande mise en scène où nous sommes tous des « folles ».<span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span></i></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span></i></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"></span></span></i></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjaWUzVXm2wNTIuY6ili6o18_iRrbBuKWjjMbwiTWfOL1pbjMNd0RkMcu5FwmcUoOQ_xqtdp00k5Xu8qebLTGk1BoCbnPjH6mVRtAg1QQWR5Qn3DpnQzqx4q46ogysOJr-o0QQphsFCsvd8ap7OayE-ZtYzjmCDbS2xmdFw14zgqYxS05cbLK3AXjTmTw/s1811/Copi-Le-Bal-des-folles-Titres-e1620053052535.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1811" data-original-width="1100" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjaWUzVXm2wNTIuY6ili6o18_iRrbBuKWjjMbwiTWfOL1pbjMNd0RkMcu5FwmcUoOQ_xqtdp00k5Xu8qebLTGk1BoCbnPjH6mVRtAg1QQWR5Qn3DpnQzqx4q46ogysOJr-o0QQphsFCsvd8ap7OayE-ZtYzjmCDbS2xmdFw14zgqYxS05cbLK3AXjTmTw/s320/Copi-Le-Bal-des-folles-Titres-e1620053052535.jpg" width="194" /></a></i></div><i><br /> </i><p></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></i></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Tout va vite dans les romans de
Copi. On y change de décor et de déguisement en permanence, c’est un monde <i>travesti</i>
– au sens propre comme au figuré – dans lequel les masques que portent les
personnages en cachent toujours d’autres. C’est un monde où la profondeur flotte
à la surface, où le vrai est toujours faux et inversement ; un monde
virevoltant, un <i>« theatrum mundi »</i> baroque qui force le réel
et la fantaisie à se confondre pour mieux se précipiter. Car il s’agit d’aller
vite, toujours ; d’écrire, par exemple, un roman en une semaine, comme le
fait le narrateur et double de Copi qui vit son roman à mesure qu’il
l’improvise, parce que <i>« [son] éditeur [lui] fait des drames »</i>.
C’est <i>« une logorrhée intarissable, un monologue écrit en direct, sous
nos yeux, dans des cahiers transformés en petites scènes de théâtre »</i>,
comme le dit Thibaud Croisy dans une postface qui fait honneur au génie du
romancier, dramaturge et dessinateur argentin. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>Publié
pour la première fois en 1977, <i>Le bal des folles</i> est son livre le plus
emblématique, celui qui concentre le mieux une poétique aussi ambitieuse
qu’elle semble jetée sur le papier entre deux bouffées d’une énorme <i>« cigarette
de marihuana »</i>. Écrit, comme toute son œuvre, dans un français
extravaguant où la saveur de l’argentin maternel n’est jamais loin, le roman<i>
</i>raconte au rythme soutenu de la catastrophe, selon les règles d’un
emballement permanent – d’<i>« un affolement de la perception »</i>
(Croisy <i>dixit</i>) –, une histoire d’amour épouvantable et magnifique,
romantique et abjecte : les extrêmes, chez Copi, non seulement se
touchent, mais se fondent pour créer des figures grotesques. Comme dans son
œuvre dramatique, qui accélère la mécanique du vaudeville jusqu’au vertige
comique et macabre (ainsi de sa pièce <i>Les quatre jumelles</i>, où les
personnages ne cessent de se trahir, de s’entretuer et de ressusciter), Copi roule
en boule l’écriture romanesque pour que le récit, grâce à des rapprochements
monstrueux, <i>« se compose tout seul »</i>, <i>« dans la
douleur »</i> que provoque en lui la mort de son amant Pierre, une sorte
d’idéal masculin qui ne cesse de muter, comme si tout idéal était forcément
condamné au ridicule. Ainsi, ce « Pietro » dont notre auteur est épris
au-delà de toute raison – mais la raison, chez Copi, n’a pas lieu d’être –
passera de la statue grecque à la maîtresse de maison à la folle mystique au
rythme des changements de lieu, de Rome à Ibiza en passant par New York et bien
sûr par le Paris interlope de la contre-culture des années 70 et des bars gays.
</span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>Copi
s’est réfugié dans un hôtel glauque de l’avenue Magenta et tente d’écrire un
roman qui expliquera ses malheurs : la perte de Pierre donc, cet amour
impossible et pourtant charnel (la sexualité, chez Copi, est un autre
accélérateur), la présence envahissante d’un sosie de Marilyn Monroe qui lui en
fait voir des vertes et des pas mûres, le caquetage incessant d’un groupe de
« folles » qui s’est installé à demeure chez lui comme si son appartement
servait de loges pour un spectacle qui n’aura jamais lieu. <span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify; text-indent: 35.4pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">En vérité, chez Copi,
on est toujours à <i>« la veille du drame »</i>. D’ailleurs, précise-t-il,
<i>« vous saurez d’emblée qu’il s’agit d’un roman policier, qu’il y a
plusieurs crimes et deux coupables »</i>. Mais, naturellement, il n’y aura
<i>« pas de châtiment »</i>, manquerait plus que ça. Des morts, en
tout cas, il y en a, et pas qu’un peu. Reste à savoir s’ils sont réels ou rêvés
(cauchemardés). Copi, qui a perdu une jambe après s’être fait mordre par un
boa, fait exploser un sauna sous la place de l’Opéra, découpe en tranche une
folle masochiste et tue de sang-froid sa boulangère-voyante et même son éditeur.
Tout cela, il vient peut-être de l’inventer, le Bic à la main, penché sur son
cahier. Ou pas. Qu’importe, la vie est un songe et chaque réveil n’est qu’une
nouvelle étape du rêve, toujours plus délirant, toujours plus vertigineux. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 11.0pt; line-height: 115%;">Copi
– <i>Le bal des folles</i> [Bourgois, Titres, 192 pages, 7,50 euros]</span></p>
<p><style>@font-face
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{page:WordSection1;}</style></p>Guillaume Contréhttp://www.blogger.com/profile/00589262091720963299noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7744567062777624621.post-7705768021112390292022-06-07T22:18:00.003+02:002022-07-17T22:21:49.470+02:00Sergueï Dovlatov – La valise<p> </p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEimRz_lbWypF3OR4DDeZ3RAK36Zns6sEWLv6f3bQ_nipd5VLoxRbWpJe7C0ljCJjhNvjObMW2Mpp-IsgvEY6p4zxnf_bOwQW9h2hErcFA73IB8M7pGlUnlxH-Kr8UgqwDrb4D9jj8JTnuK6Mr6l9gja41VPkXR5Huzw1-tnXpOLXEPpuvvBjKanmyq2Nw/s2126/624c6d9bbd800.png" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="2126" data-original-width="1416" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEimRz_lbWypF3OR4DDeZ3RAK36Zns6sEWLv6f3bQ_nipd5VLoxRbWpJe7C0ljCJjhNvjObMW2Mpp-IsgvEY6p4zxnf_bOwQW9h2hErcFA73IB8M7pGlUnlxH-Kr8UgqwDrb4D9jj8JTnuK6Mr6l9gja41VPkXR5Huzw1-tnXpOLXEPpuvvBjKanmyq2Nw/s320/624c6d9bbd800.png" width="213" /></a></div><br />
<p></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Il y a des circonstances qui ne
laissent guère le choix. Ainsi, l’œuvre de Sergueï Dovlatov ne cesse de traiter
de la réalité anarchique et souvent ubuesque de la vie dans la Russie
communiste. Il y aura exercé toute sorte de métiers, de gardiens de camp à
journaliste, en passant par guide touristique. Tous ses livres sont
autobiographiques et, grâce à leur humour, manié avec la précision d’un
escrimeur, ils ne pardonnent rien à personne. Comme son titre l’indique, le fil
conducteur des huit récits en forme d’inventaire qui composent <i>La valise</i>,
écrit en 1985, est, précisément, une valise. Celle dans laquelle l’auteur,
alors qu’il quitte définitivement l’URSS pour New York, emballe ses maigres possessions
(celles, du moins, qui passeront la douane sans encombre). Trois paires de
chaussettes finlandaises sont le prétexte au récit de ses pérégrinations de
contrebandier amateur avec une bande de pieds nickelés, sa <i>« jeunesse
criminelle »</i>. Il est aussi question, alors qu’il travaille à la pose
d’une pompeuse sculpture en marbre pour l’inauguration d’une station de métro, des
chaussures qu’il vole au maire de Leningrad. En Russie, d’ailleurs, nous dit-il
en substance, <i>« on vole »</i>, <i>« on fauche tout »</i>
et <i>« tout cela revêt fréquemment un caractère métaphysique »</i>.
Ailleurs, en évoquant de quelle façon il est devenu l’heureux propriétaire d’un
<i>« costume croisé tout à fait convenable »</i>, il raconte sa vie
de journaliste sous-payé et l’impossibilité de trouver un sujet d’article à
même de satisfaire aux exigences des censeurs (le voici donc parti en quête
d’une <i>« mère héroïque »</i> sur laquelle écrire). Et n’oublions
pas des <i>« gants d’automobiliste »</i> obtenus alors qu’il fait
l’acteur, déguisé en Tsar de toutes les Russies, lui qui ne peut s’empêcher de <i>« passer
son temps à répondre aux propositions les plus saugrenues »</i>. La langue
de Dovlatov ne fait pas dans la fioriture, le rythme, enlevé, persifleur, nous
emmène d’un éclat de rire à l’autre. Des rires derrière lesquels perce,
inévitablement, la conscience d’une vie faite d’opportunités manquées. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 11.0pt; line-height: 115%;">Sergueï
Dovlatov – <i>La valise</i> [Traduit du russe par Jacques Michaut-Paternò – La
Baconnière, 2021, 172 pages, 14 euros]</span></p>
<p><style>@font-face
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{page:WordSection1;}</style></p>Guillaume Contréhttp://www.blogger.com/profile/00589262091720963299noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7744567062777624621.post-39591661067835999242022-06-05T22:13:00.001+02:002022-07-17T22:17:48.996+02:00Murilo Rubião – L’ex-magicien de la taverne du Minho<p>
</p><p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><b><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Vertiges quotidiens</span></b></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">La traduction des nouvelles d’une
référence de la littérature fantastique brésilienne est l’opportunité de se
perdre dans des vignettes aussi drôles qu’effrayantes.</span></i></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></i></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"></span></i></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgl1YExjUOv-sTKR88OQR-010rMW7HAy5NU4N0vKuXE9R9ugOv33nWnZ_zBAXKnxSZyHGHVTjRizCp2gztWcUfTiqGSOhdjBSNqVOgwB29lC3u2OWcymsBbnIaNRXSbzqKJrhVXAKDGD_Ao7KJRvKZov6CkUqdH4SCDQCLHpwRC7x6Q8VikEg9sYPIBqQ/s1439/617qCUcVY8L.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1439" data-original-width="1000" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgl1YExjUOv-sTKR88OQR-010rMW7HAy5NU4N0vKuXE9R9ugOv33nWnZ_zBAXKnxSZyHGHVTjRizCp2gztWcUfTiqGSOhdjBSNqVOgwB29lC3u2OWcymsBbnIaNRXSbzqKJrhVXAKDGD_Ao7KJRvKZov6CkUqdH4SCDQCLHpwRC7x6Q8VikEg9sYPIBqQ/s320/617qCUcVY8L.jpg" width="222" /></a></i></div><i><br /> </i><p></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">La littérature fantastique, qui
pousse les logiques du réel pour mieux les mettre à nue, semble avoir été
pratiquée par des écrivains dont la vie professionnelle était celle de
gratte-papiers, occupant des postes plus ou moins élevés. Comme si un quotidien
consacré à la rigueur bureaucratique impliquait nécessairement l’existence d’un
envers inquiétant, celui où cette même rigueur, poussée à bout, engendre des
monstres. Si l’on en croit les quelques indices biographiques fournis par cette
première traduction française d’une sélection de l’œuvre guère pléthorique du
brésilien Murilo Rubião, notre théorie semble se confirmer : l’écrivain,
qui n’aura produit qu’une petite trentaine de nouvelles patiemment élaborées au
cours de sa vie, était de jour un diplomate et un fonctionnaire public. Bref,
quelqu’un qui, comme le dit son traducteur Dominique Nédellec dans sa préface,
occupait <i>« des postes exigeant sans doute d’avoir un minimum les pieds
sur terre »</i>. Ne fut-il pas, en effet, directeur de cabinet du
gouverneur et futur président Juscelino Kubitschek ? Cela n’empêcha pas
Rubião, pourtant, de déclarer qu’il avait <i>« toujours perçu comme
réelles des choses qui relèvent de l’absurde aux yeux d’autres personnes »</i>.
Mais la lenteur obsessionnelle avec laquelle il concevait puis corrigeait ses
contes à mesure de leurs diverses éditions n’est peut-être que l’extension
naturelle des qualités qui faisaient de lui un homme de responsabilités. Les
divers personnages qui peuplent ses nouvelles ne manquent souvent pas,
d’ailleurs, de ces mêmes qualités : ils appliquent eux aussi de la rigueur
dans leurs décisions et dans leurs actions ; que celles-ci soient erronées,
se trompent d’objet ou aboutissent à des résultats désastreux, est bien entendu
ce qui fait le sel de ses récits. Ainsi d’un homme qui tient absolument à
décrocher un entretien avec le directeur d’une usine et finit par faire la
queue pendant des mois, sans que l’objet de sa requête ne soit jamais élucidé.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify; text-indent: 35.4pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">On retrouve chez Rubião
cette atmosphère kafkaïenne où le fantastique, s’il ne naît pas nécessairement
du quotidien, s’y inscrit en tout cas sans heurts, et semble une donnée aussi
naturelle que la pluie et le beau temps. Aucune des nouvelles de ce recueil ne
ressent le besoin d’expliquer le pourquoi et le comment des situations
incongrues qu’elles exposent et poussent dans leur dernier retranchement. Des
situations qui font rire le lecteur avant de l’inquiéter, ou l’inverse. Peut-être,
justement, parce qu’elles se passent d’explication et que l’objet de chaque
nouvelle n’est pas de trouver, par exemple, une raison à l’existence improbable
de dragons dont la présence perturbe la vie d’une bourgade, mais d’exposer
tranquillement les choix qui sont fait pour gérer « pragmatiquement »
leur présence et tenter de les insérer à la communauté. Rubião joue subtilement
du comique – un rire froid qui éclate à rebours – en refusant de poser la
problématique à l’endroit le plus attendu. Ainsi, ses dragons gênent bien
davantage par leur alcoolisme que par le feu qu’ils sont susceptibles de
cracher. De même, un magicien aux pouvoirs illimités ne rêve que d’une chose,
devenir fonctionnaire pour être débarrassé d’une liberté qui l’entrave. Ailleurs,
la construction perpétuelle d’un gratte-ciel voit l’accomplissement d’une
prédiction qui annonçait le chaos à partir du huit-centième étage. Plus loin, un
homme qui cherche à <i>« trouver une issue »</i> tente diverses
métamorphoses. Mais, <i>« devenu porc, il perdit toute tranquillité »</i>.
N’étant pas du genre à baisser les bras, <i>« il imagina alors que se
fondre dans un nuage lui apporterait la solution. La solution à quoi ? Il
s’agissait de solutionner quelque chose. C’est à cet instant que lui vint
l’idée de se transmuer dans le verbe </i>solutionner<i> »</i>. En quelques
pages, Rubião déploie des infinis où il fait bon s’égarer. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify; text-indent: 35.4pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 11.0pt; line-height: 115%;">Murilo
Rubião – <i>L’ex-magicien de la taverne du Minho</i> [Traduit du portugais
(Brésil) par Dominique Nédellec – L’Arbre Vengeur, 180 pages, 15 euros]</span></p>
<p><style>@font-face
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{page:WordSection1;}</style></p>Guillaume Contréhttp://www.blogger.com/profile/00589262091720963299noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7744567062777624621.post-13916144848285832442022-06-03T20:01:00.002+02:002023-02-07T15:40:44.486+01:00Joël Cornuault – Les grandes soifs<p>
</p><p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><b><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">L’imagination au pouvoir</span></b></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Dans un livre flâneur et sensible,
Joël Cornuault nous invite à célébrer simplement, au quotidien, les noces du
réel, jamais avare en surprises, et de notre fantaisie créatrice. </span></i></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></i></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"></span></i></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiYFjGOHcguduFpQ42zI1R6yjDXcfVkk1SorC1e7mBPE9mK_HuT1hkdO-GxeSZitWHowi045TddasQSyqd6q6VXeOYcPI0Kmj5PvIdzTG6Cff68rxcifhMzh0T6ynJNVVZgf-pt2RjFgvedQvqYJutAm3nCy2d-IjLrB32L3v2t96ZU29qG-DK2226qCQ/s500/9782956562696-475x500-1.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="500" data-original-width="325" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiYFjGOHcguduFpQ42zI1R6yjDXcfVkk1SorC1e7mBPE9mK_HuT1hkdO-GxeSZitWHowi045TddasQSyqd6q6VXeOYcPI0Kmj5PvIdzTG6Cff68rxcifhMzh0T6ynJNVVZgf-pt2RjFgvedQvqYJutAm3nCy2d-IjLrB32L3v2t96ZU29qG-DK2226qCQ/s320/9782956562696-475x500-1.jpg" width="208" /></a></i></div><i><br /> </i><p></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></i></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Les grandes soifs</span></i><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> du titre de ce recueil composé de
brefs essais, d’observations <i>in situ</i>, de souvenirs, d’hommages et de réflexions
diverses n’ont rien de telluriques, elles sont en apparence modestes mais pas
moins essentielles. Il s’agit pour l’auteur, <i>« en remuant ces images et
ces idées gyrovagues »</i>, de revenir <i>« vers un unique foyer de
rumination : ce qui nous semble faire la beauté d’un donné géographique –
ce qui le rend à nos yeux attirants, surprenant, habitable –, est le fruit
d’innombrables combinaisons qui s’établissent entre l’esprit et les choses
vues ; entre ce que nous ressentons et ce qui existe hors de nous, dans le
monde matériel »</i>. Cette longue citation permet d’entrevoir la poétique
qui sous-tend non seulement ce livre mais une bonne partie des écrits de Joël
Cornuault, lequel – ce n’est pas un hasard – est à la fois un grand connaisseur
de l’œuvre d’Élisée Reclus, ce <i>« géographe et géophile »</i> qui
savait avoir <i>« l’imagination heureuse »</i>, et le fondateur d’une
revue justement intitulée <i>Des pays habitables</i>. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify; text-indent: 35.4pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Au fil des pages, selon
l’humeur d’un agréable coq à l’âne moins capricieux qu’il n’y paraît, l’auteur
revendique un certain nomadisme poétique, un goût pour le déplacement et
l’observation des magies partielles qui nous entourent, mais en gardant
toujours à l’esprit que <i>« la liberté n’est pas conditionné par la
distance »</i> et que tant qu’à jouer les écrivains voyageurs, <i>« le
mieux est de mettre le plus de temps à parcourir le moins de kilomètres
possibles »</i>. À quoi bon épuiser les sentiers photogéniques d’un bout
du monde globalisé alors même que la <i>« géographie visible »</i>
est aussi <i>« faite d’imagination »</i> (un maître mot pour
l’auteur), et que cette dernière, certainement, c’est-à-dire notre capacité à
investir le réel de façon sensible, n’a nul besoin de prendre l’avion pour se
mettre en branle. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify; text-indent: 35.4pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Cornuault, néanmoins,
n’a rien d’un pamphlétaire et sa prose élégante, toujours fraîche, jamais
surplombante, dont l’érudition naît avant tout du plaisir – un plaisir
enfantin, pourrait-on dire, et revendiqué comme tel par l’auteur –, est avant
tout au service de son lecteur, avec lequel il crée en toute naturalité une
complicité immédiate. Il s’agit de suggérer quelques idées qui permettent de ne
pas se résigner à un monde dominé par l’utilitarisme et la marchandisation.
Bref, de le rendre décidément habitable en pratiquant une rêverie alerte, les
sens en éveils. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify; text-indent: 35.4pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Que ce soit en flânant
dans les rues d’un village, en découvrant chez Michel Butor un inattendu <i>« poète
ascendant »</i>, en se remémorant les bancs des squares parisiens, en
guettant aux coins des rues le <i>« lyrisme des ferronneries »</i> et
leurs belles <i>« efflorescences » </i>à même d’offrir à la ville ce <i>« teint
de rêve »</i> que réclamait Breton, en rendant hommage à un ami disparu
aussi discret que singulier ou à un kiosquier perdu sur une île grecque, Joël
Cornuault est fidèle à une volonté d’émerveillement et d’utopie – non exempte,
parfois, de mélancolie – héritée de ces maîtres revendiqués : Breton et Reclus,
comme on l’a dit, mais encore Charles Fourier, utopiste en chef. Autant de
personnalités <i>« qui ont pris la bonne habitude de vadrouiller »</i>
et savent <i>« s’émerveiller de la configuration du monde physique »</i>.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify; text-indent: 35.4pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">S’il apprécie le goût,
chez Roger Caillois, des <i>« pierres curieuses »</i> et des formes
que par analogie l’œil fureteur y décèlera, il lui préfère la curieuse approche
d’un certain Jules-Albert Lecompte, un <i>« spiritualiste résolu »</i>
qui, au XIX<sup>ème</sup> siècle, défendait l’idée que <i>« les pierres à
figures sont des objets émus »</i>. Ce serait ainsi l’esprit du promeneur
qui, <i>« émotivement choqué »</i>, aurait gravé des formes
inattendues <i>« là où la structure du caillou ou du rocher le
permettait »</i>. Là où un esprit scientifique volant en rase-motte ne
verrait dans un tel discours qu’un vertige délirant, Cornuault voit au
contraire une intelligence du sensible qui se déploie à l’intersection même de
l’imaginaire et de la matière. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify; text-indent: 35.4pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Car l’art de la
promenade – comme celui du <i>« lapsus lectionis »</i> qui consiste,
sans le vouloir, à lire un mot à la place d’un autre et inventer sur le pouce
de beaux objets trouvés – est chez notre auteur une pratique raisonnée,
modestement théorisée, qui permet, si l’on veut bien se prêter au jeu, de
belles découvertes, qu’elle soit <i>« régulière »</i>, <i>« répétitive »</i>
ou qu’elle relève du <i>« furetage intrigué »</i>. La <i>« promenade
rétrospective »</i>, quant à elle, est une catégorie à part qui mérite
qu’on s’y arrête un peu plus longtemps : il s’agit, en retournant sur les
lieux de l’enfance (à condition qu’ils n’aient pas été <i>« modifiés du
tout au tout »</i>), de tenter, pas toujours avec succès, de voyager dans
le <i>« temps intime »</i> des premières impressions, de <i>« réactiver
très intensément des souvenirs personnels venus du monde des disparus et des
ombres »</i>. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify; text-indent: 35.4pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Ainsi, les grandes
soifs qui agitent Joël Cornuault et qu’il nous invite généreusement à partager
sont à portée de main, il ne tient qu’à nous de vouloir s’en saisir.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 11pt; line-height: 150%;">Joël
Cornuault – <i>Les grandes soifs</i> [Le Cadran ligné, 124 pages, 16 euros]</span></p>
<p><style>@font-face
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{page:WordSection1;}</style></p>Guillaume Contréhttp://www.blogger.com/profile/00589262091720963299noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7744567062777624621.post-39200335900010132092022-06-02T19:51:00.008+02:002022-07-16T19:58:39.897+02:00Julien Boutonnier – Les os rêvent <p>
</p><p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><b><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">L’ossature onirique du monde</span></b></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Le poète Julien Boutonnier
renouvelle le merveilleux scientifique dans un roman expérimental d’une
ambition folle qui fait du rêve des os le centre même du réel et un objet
d’étude infini.</span></i></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgetL-Gnlp_w0m7WaWZkcredQwqjVCh5_JqDaP5bwPQp0DTFBCUMvgMyQAGAiP0ZE8lw93xVgWDBc4q2eDmNmPM84oeeBweXQVnnzy9tIOpJLzFERf_Dnu1uvAnvxtuKvbzj-v8pd00yK3PPIedk4RTwFJNt-yp8oLX-8jJ2JnLTFPaYSfV0V5ovXrTgg/s748/couv-2-les-os-revent.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="748" data-original-width="551" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgetL-Gnlp_w0m7WaWZkcredQwqjVCh5_JqDaP5bwPQp0DTFBCUMvgMyQAGAiP0ZE8lw93xVgWDBc4q2eDmNmPM84oeeBweXQVnnzy9tIOpJLzFERf_Dnu1uvAnvxtuKvbzj-v8pd00yK3PPIedk4RTwFJNt-yp8oLX-8jJ2JnLTFPaYSfV0V5ovXrTgg/s320/couv-2-les-os-revent.jpg" width="236" /></a></div><br /><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"><br /></span><p></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Dans certaines fables orientales,
on ne sait pas si c’est le papillon qui rêve le rêveur ou l’inverse. Julien
Boutonnier, lui, a choisi son camp : c’est la réalité tout entière, jusque
dans ses infimes détails, qui est le produit d’une <i>« constellation »</i>
de rêves. Ainsi, <i>« une poussière en suspens, une roche, un brin
d’herbe, la toile d’une araignée, la course d’un guépard, le bâillement d’un
enfant »</i> ou <i>« la page 550 de la Recherche du temps
perdu »</i>, tous ces éléments sans liens apparents <i>« trouvent
leur origine dans les rêves des os »</i>. <span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify; text-indent: 35.4pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Ces rêves,
naturellement, méritent qu’on les étudie et la science qui s’en occupe (depuis l’aube
de l’humanité) porte un nom : l’ostéonirismologie. Ce concept est le point
de départ d’un livre hors norme qui plane à mille lieux des mornes plaines du
roman contemporain. Fort de ses 730 pages accompagnées de graphiques et
d’équations fantaisistes et d’un glossaire exhaustif qui constitue en lui-même
un véritable manifeste esthétique – une manière <i>« d’accéder à l’infini
des possibles du langage »</i> –, <i>Les os rêvent</i> est une fiction pince
sans rire qui se déguise en traité érudit dans lequel <i>« la rigueur
scientifique moderne compose avec l’impossible des énoncés issus du corpus
dansant des siècles »</i>. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify; text-indent: 35.4pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">La science forgée
ex-nihilo par l’auteur est <i>« une connaissance béante »</i>, nourrie
par un corpus bibliographique imaginaire qu’il égrène au fil des notes de bas
de page comme un <i>running gag</i>. C’est à une rêverie aussi suggestive que précise
dans son architecture que nous invite l’auteur, en digne héritier de Borges et
Roussel. Car Boutonnier n’invente pas n’importe comment, il crée au contraire de
nombreux concepts – <i>« eros fatum »</i>, <i>« seuil de congruence »</i>,
<i>« lettres spectrales »</i> ou <i>« emplâtre logographique »</i>
– qui lui permettent de définir les lois extravagantes du monde qu’il met en
place et surtout de nous prendre à son jeu métaphysique. Une <i>« fabrique
chimicopoétique »</i> où les rêves – qui sont l’autre nom de la
littérature, car tout ici est une grande métaphore de l’écriture et de
l’expérience sensible qui l’accompagne – influent sur le réel et modifient les
corps. L’humour y est une manière de <i>« flâner avec méthode »</i> dans
des couloirs délirants sans se prendre les pieds dans le tapis de l’invention
débordante.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify; text-indent: 35.4pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Dans cet univers, des <i>« os
matriciels »</i> d’animaux qui ont existés ou n’existeront jamais – <i>« la
Scapula de l’éléphant d’Afrique »</i> ou <i>« la deuxième Vertèbre sacrale
du dugong »</i> – rêvent certaines portions du « <i>réel
concordant »</i> qui, sans eux, n’existeraient pas. Les rêves y sont une
matière fragile qu’il convient de transporter avec précaution afin de les étudier
dans des centres spécialisés répartis aux quatre coins du globe. Ainsi, si l’un
d’eux est modifié, les conséquences peuvent être fâcheuses : en raison
d’un accident concernant l’un de ces rêves en 1665, <i>« durant deux
heures, l’ensemble de l’humanité perdit l’usage de son œil gauche »</i>. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify; text-indent: 35.4pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">En provenance de <i>« l’univers
d’un effleurement »</i> – une <i>« vibration complexe et considérable
entre ce qui est et ce qui n’est pas »</i> –, les rêves du <i>« tissu
onirique général »</i> s’arriment parfois sur terre, de façon transitoire,
régulière ou permanente (<i>« le rêve ÂSD »</i>, par exemple,<i> « s’arrime
tous les dix siècles »</i>). Il en est même certains qui se déplacent,
obligeant l’humanité à leur céder le passage. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify; text-indent: 35.4pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">L’étude de ces rêves –
qui se matérialisent sous des formes aussi concrètes qu’impalpables – est
réalisée par des spécialistes longuement préparés, tel l’Italien Giacomo
Palestrina, chargé d’étudier à Och, au Kirghizstan,<i> « le rêve SBP de
type panini »</i> dont l’onirisme provient <i>« de l’humérus de la
jeune belette d’Europe »</i>. Cette étude est un exercice de mise en abyme,
un miroir : <i>« l’humain aurait été créé par l’univers d’un
effleurement pour pouvoir déployer et exercer une pensée sur lui-même »</i>.
Il faut <i>« chercher la perte de temps »</i> afin de <i>« trouver
un authentique désœuvrement dans la contemplation des taches oniriques »</i>.
Une expérience moins zen qu’il n’y paraît : avant de se parachever en <i>« délivrance
scripturale »</i> où la <i>« matière silencieuse »</i> sédimente
en <i>« congères alphabétiques »</i>, elle passe par la souffrance. Le
<i>« sentiment poignant »</i> du rêve qui s’empare de
l’ostéonirismologue n’est pas sans conséquence, puisque le <i>« processus
d’invasion »</i> va jusqu’à modifier sa structure atomique. Il finit par
flotter, devenu la matière même du rêve qu’il étudie, ce qui l’amène à rédiger
un <i>« livre illisible »</i> pour lequel il devra se vider de tous
ses organes. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify; text-indent: 35.4pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Et ce n’est là que le
début du voyage. Impossible de rendre justice à un projet d’une telle ampleur
en quelques paragraphes. Le lecteur curieux devra juger par lui-même en se
plongeant à son tour dans les pages infinies de ce livre fou qui, nous en
sommes convaincus, est un des évènements littéraires de l’année. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 11.0pt; line-height: 150%;"> </span></p>
<style>@font-face
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{page:WordSection1;}</style><p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 11.0pt; line-height: 115%;">Julien
Boutonnier – <i>Les os rêvent</i> [Dernier Télégramme, 2022, 730 pages, 32
euros]</span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 11.0pt; line-height: 115%;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 11.0pt; line-height: 115%;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 11.0pt; line-height: 115%;"> </span></p>
<p><style>@font-face
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{page:WordSection1;}</style></p>Guillaume Contréhttp://www.blogger.com/profile/00589262091720963299noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7744567062777624621.post-55642811946858177482022-06-01T19:48:00.003+02:002022-07-16T19:51:23.236+02:00João Gilberto Noll – Hôtel Atlantique<p>
</p><p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><b><span style="background: white; color: #222222; font-family: "Times New Roman",serif; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Un voyage sans but</span></b></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><i><span style="background: white; color: #222222; font-family: "Times New Roman",serif; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Dans ce récit
accidenté, aussi fatal qu’arbitraire, un homme sans identité se délite peu à
peu d’un endroit à l’autre.</span></i></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span style="background: white; color: #222222; font-family: "Times New Roman",serif; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;"><br /></span></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgshSq_2k-IZPgpqwncVi_dgEDwSu9QpuhuVyNSFwsu8RmNA9M1397SA0WdcSVZ-wh3MzGUoF_X3xntSuXE3ybisaF0V__uce1Qnq9dagCQQy8cKqntu680KtxpliyLSQNR9_3PEf--1r4NxLHMH0hHUKXKHhOFX36deVbu7qx_Rn61y4SlmmfnfNFK9w/s661/Hotel-Atlantique.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="661" data-original-width="400" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgshSq_2k-IZPgpqwncVi_dgEDwSu9QpuhuVyNSFwsu8RmNA9M1397SA0WdcSVZ-wh3MzGUoF_X3xntSuXE3ybisaF0V__uce1Qnq9dagCQQy8cKqntu680KtxpliyLSQNR9_3PEf--1r4NxLHMH0hHUKXKHhOFX36deVbu7qx_Rn61y4SlmmfnfNFK9w/s320/Hotel-Atlantique.jpg" width="194" /></a></div><br /><span style="background: white; color: #222222; font-family: "Times New Roman",serif; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;"><br /></span><p></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span style="background: white; color: #222222; font-family: "Times New Roman",serif; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span style="background: white; color: #222222; font-family: "Times New Roman",serif; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Les personnages du
brésilien João Gilberto Noll (1946-2017) sont souvent égarés. Ils sortent de
nulle part et mènent une vie d’errance tout en semblant suivre une direction
qui s’invente petit à petit à force de rebondir contre des obstacles plus ou
moins définis, au fil des rencontres hasardeuses et bancales. Cette errance est
aussi celle du récit, qui n’en fait qu’à sa tête, comme guidé par une pulsion
dont l’auteur est le seul peut-être à connaître les tenants et aboutissants. <span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify; text-indent: 35.4pt;"><span style="background: white; color: #222222; font-family: "Times New Roman",serif; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Les
situations, scabreuses ou étrangement oniriques, jamais tout à fait
quotidiennes mais jamais non plus tout à fait fantastiques, surviennent sans
explications ou justifications, elles se contentent d’avoir lieu et tirent leur
force de cette évidence. Tout peut arriver quand c’est la simple loi de la
succession des évènements qui s’impose, sans hiérarchie, quand le monde n’est plus
qu’une réalité arbitraire. La géographie existe, des noms de villes et de
régions sont prononcés, mais les lieux traversés conservent en permanence une
certaine immatérialité. Dans ce roman où l’on ne cesse de se déplacer, les agglomérations
se limitent à un coin de rue ou deux, les paysages à quelques vaches aperçues
au loin, à une forêt sans attributs. On ne s’étonnera donc pas que le
narrateur, au début du récit, abandonne sur un banc une grande carte du Brésil,
comme si toute cartographie était un poids inutile, quelque chose qui ne
saurait, désormais, le concerner. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify; text-indent: 35.4pt;"><span style="background: white; color: #222222; font-family: "Times New Roman",serif; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Dès
lors, aller ici ou là n’a guère d’importance, ce qui compte, comme chez
Beckett, c’est simplement d’avancer, être en transit, avec des compagnons si
l’on en trouve (pas toujours recommandables), dans un véhicule motorisé si
l’occasion se présente, ou seul et à pied jusqu’à <i>« s’enfoncer dans la
nuit la plus profonde »</i>. Le coup de dé, chez Noll, n’abolie
certainement pas le hasard. Il garantit même la transformation permanente du
narrateur, qui semble prêt à incarner et abandonner aussitôt toutes les vies
qui se présentent à lui, comme si aucun travestissement ne pouvait contenir une
identité qui s’effiloche irrémédiablement. Ainsi accepte-t-il, alors qu’il a
revêtu une soutane <i>« trop courte »</i> en attendant que ses
vêtements sèchent, de donner l’extrême-onction à une vieille femme
mourante : <i>« d’instinct j’ai senti qu’il me manquait les saintes
huiles ou quelque chose de ce genre. J’ai humecté mon pouce droit sur ma langue
et avec ai fait le signe de croix sur le front, la bouche et la poitrine de
l’agonisante. »</i> S’il a conscience d’être un imposteur, cette pensée ne
le trouble pas outre mesure car il sait qu’il sera bientôt, une fois de plus,
en route. Vers nulle part ou vers son lieu d’origine, afin de boucler la boucle
d’une vie sans éclats.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify; text-indent: 35.4pt;"><span style="background: white; color: #222222; font-family: "Times New Roman",serif; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Si le
livre nous conte en substance un voyage de Rio de Janeiro à Porto Alegre, le
lecteur en quête de dépaysement aura l’impression de ne faire qu’entrevoir le
Brésil à travers un trou de serrure placé de guingois ; d’autant qu’il y
fait presque toujours froid, comme si les éléments avaient décidé de confirmer
la vision désabusée, presque amorphe, du narrateur. C’est en cela, certainement
que réside le génie des textes courts et inquiétants de Noll, dans leur
capacité à faire d’emblée table rase des figures obligées du roman pour n’en
conserver que la nécessité d’un récit toujours imprévisible. <i>« Nous
vivons dans un monde de structure »</i>, dit un personnage aux intentions
troubles, le Dr Carlos, qui vient d’amputer sans raison apparente la jambe du
narrateur, avant d’ajouter : <i>« comme dans n’importe quelle autre
situation, quand on supprime une partie de la structure osseuse, c’est toute la
structure qui s’en trouve affectée »</i>. Le roman, chez Noll, est une
structure malade, définitivement privé de la notion de totalité qui avait pu en
d’autres temps lui servir de fondation.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify; text-indent: 35.4pt;"><span style="background: white; color: #222222; font-family: "Times New Roman",serif; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Plus
qu’égaré, le narrateur d’<i>Hôtel Atlantique </i>semble en réalité s’effondrer
lentement mais sûrement, <i>« un peu comme ces immeubles qu’on fait
imploser »</i>, dit-il. On ne sait pas qui il est, on ignore son passé, certains
s’obstinent à voir en lui un ancien bellâtre de <i>telenovela</i>, mais rien n’est
moins sûr. La seule certitude, c’est qu’il n’est pas au top de sa forme et que
le bel homme, s’il a existé, s’est fané depuis longtemps. On ne saurait dire
que quelque chose le ronge, Noll, de ce point de vue, ne s’encombre pas de
psychologie. Son personnage accepte sans broncher son délitement. Il croise par
ailleurs un certain nombre de morts, dès les premières lignes. Tandis qu’il
monte <i>« l’escalier d’un petit hôtel de l’avenue Nossa Senhora de
Copacabana »</i>, des hommes commencent à descendre<i> « avec une de
ces civières servant à transporter des cadavres »</i>. Ce début brutal s’impose
comme une fatalité sur tout le récit : ce mort que l’on descend, c’est
déjà le narrateur, dont le parcours, commencé dans un hôtel, s’achèvera loin de
là dans un autre hôtel, celui qui donne son titre au livre, là où l’attend
peut-être un destin mineur qui s’évaporera dans un souffle. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify; text-indent: 35.4pt;"><span style="background: white; color: #222222; font-family: "Times New Roman",serif; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Après
la publication en 2018 de <i>La brave bête du coin</i> aux éditions Do (déjà
traduit par Dominique Nédellec), on ne peut que se réjouir de voir Bourgois reprendre
le flambeau afin de faire connaître en France l’œuvre d’un des plus remarquables
écrivains brésiliens des 30 dernières années. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span style="background: white; color: #222222; font-family: "Times New Roman",serif; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span style="background: white; color: #222222; font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 11.0pt; line-height: 150%; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">João Gilberto Noll – <i>Hôtel Atlantique</i> [traduit
du portugais (Brésil) par Dominique Nédellec – Bourgois, 140 pages, 18,50 euros]</span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify; text-indent: 35.4pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></p>
<p><style>@font-face
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{page:WordSection1;}</style></p>Guillaume Contréhttp://www.blogger.com/profile/00589262091720963299noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7744567062777624621.post-36370180030915959022022-05-28T20:59:00.003+02:002022-07-15T21:01:18.436+02:00Gabriela Trujillo – L’invention de Louvette<p>
</p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><b><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Naissance
d’un cœur sauvage </span></b></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Ce
premier roman de Gabriela Trujillo raconte avec intensité et poésie une
jeunesse mouvementée dans un pays violent.</span></i></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"><br /></span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjMqJ6v2qgCTnuYyxmFIbfPt4RSTbnTRQEzbqKWmEvnJ77loIDBFeyPgoua2yAJvu9z76uWeJHGDqnXbInbqMxqNBTu2AzLmfKMCuBVXlitxcC-gNEvjokJhdYk3OmwgEqJBGIzWdMkbjzIdkpDGxfh4gqeO9Keimd7PkG_-uC8hNUXcOgqT_RVi7dgeg/s585/L-invention-de-Louvette.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="585" data-original-width="400" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjMqJ6v2qgCTnuYyxmFIbfPt4RSTbnTRQEzbqKWmEvnJ77loIDBFeyPgoua2yAJvu9z76uWeJHGDqnXbInbqMxqNBTu2AzLmfKMCuBVXlitxcC-gNEvjokJhdYk3OmwgEqJBGIzWdMkbjzIdkpDGxfh4gqeO9Keimd7PkG_-uC8hNUXcOgqT_RVi7dgeg/s320/L-invention-de-Louvette.jpg" width="219" /></a></div><br /><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"><br /></span><p></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Alors
que les exercices d’autofiction qui volent en rase-motte sont légion, dans
lesquels la blessure narcissique mal étalée le dispute à une prose anémique, la
lecture de <i>L’invention de Louvette</i>, premier roman de Gabriela Trujillo vient
à point pour nous rappeler que l’inspiration autobiographique peut encore être
le moteur de grands livres. Plus que le simple compte-rendu de ses années
d’enfance et d’adolescence dans un pays d’Amérique Centrale tout sauf paisible,
son roman est d’abord un grand récit d’initiation, une histoire d’émancipation
et de découverte – de reconquête permanente – du merveilleux dans un contexte
hostile. Le lyrisme sensible de sa prose, jamais apprêtée, toujours juste, déborde
de cette force ascendante que revendiquait Breton : quelque chose d’un peu
magique, la fraîcheur d’une écriture qui, quand bien même parfaitement consciente
de ses moyens, n’en est pas moins toute neuve. <span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 35.4pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">L’auteure, bien entendu, dispose
d’un atout pour faire de sa jeunesse un sujet remarquable : être née et
avoir grandi au Salvador, pays au climat, à la flore et à la géographie
exubérante, où les guerres civiles et les tremblements de terre ne cessent
d’agiter un territoire ponctué de volcans. Avoir été élevée par une famille bancale,
dysfonctionnelle. Bref, d’avoir eu, pour le meilleur et pour le pire, une
enfance et surtout une adolescence un peu particulière. N’allez pas croire,
néanmoins, que Gabriela Trujillo joue la carte de l’exotisme, du pittoresque ou
du misérabilisme. Si l’émerveillement n’est pas rare dans ces pages, il n’a
rien à voir avec les tristes succédanés du réalisme magique. L’auteur n’a pas
besoin de faire pleuvoir cent ans sur San Salvador (par ailleurs jamais nommée
dans le livre), elle préfère trouver les mots pour rendre le regard d’une fillette
sur la plage paradisiaque où elle vagabonde en compagnie d’un pêcheur taiseux. Une
fillette, la Louvette du titre – dont le nom est un clin d’œil à Schwob –, que
L., adulte et momentanément alitée et privée de la vue suite à une opération
des yeux, <i>« une blessure de soleil sur la rétine »</i>, se
remémore. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 35.4pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">L. et Louvette sont-elles la même
personne à deux âges différents de la vie ? Oui et non. L’une, comme le
titre l’indique, pourrait bien être l’invention de l’autre et ce en écrivant dans
une langue, le français, qui, bien que n’étant pas la maternelle, n’en est pas
moins intime, et peut-être même plus encore. L’auteure, quoi qu’il en soit, prend
soin de prévenir d’emblée les lecteurs, qu’on sait parfois prompt à prendre ce
qu’ils lisent au pied de la lettre, particulièrement quand le livre à tous les
atours de l’autobiographie : <i>« Toute ressemblance avec des
personnes et des situations ayant existé… c’est votre problème »</i>. Notre
problème oui, car au-delà de la véracité ou non des épisodes (certains assez
rocambolesques), c’est bien l’invention d’une jeunesse qui nous est donné à
lire, la réécriture d’une sorte de prélude mouvementé, la vie d’avant le grand
départ vers la France où l’auteure est venue s’installer à ses 18 ans ; un
départ qui est aussi la conclusion naturelle du livre, le point de fuite vers
lequel il tend dès les premières lignes.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 35.4pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">C’est d’abord <i>« un temps de
petite fille »</i> dans <i>« l’impermanence du monde »</i>, vécu
<i>« parmi les nombreuses saisons imaginaires qu’on peut compter dans les
tropiques »</i>. Une fillette qui possède <i>« une vocation pour la
turbulence et les joies faciles »</i>, une sauvageonne qui semble plus
proche de la nature que de la civilisation, née dans un milieu aisé et replié
sur lui-même (comme il ne saurait en être autrement dans un pays inégalitaire
et violent, où, si on en a les moyens, l’on vit dans des quartiers fermés car
les rues sont dangereuses). Une fillette dont la naissance ne serait qu’un des
multiples <i>« dommages collatéraux »</i> d’un <i>« séisme de
7.3 de magnitude »</i>. Elle semble peu concernée par ses parents (ou ses
parents peu concernés par elle), ils sont toujours « la mère » et
« le père ». Dès le début, sa vie virevolte et <i>« Louvette semble
ailleurs, toujours ailleurs, à côté d’elle-même, insaisissable comme l’heure
qui fuit »</i>. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 35.4pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Il y a, bien sûr, l’inadéquation
avec un pays brutal (dont la nature, cependant, n’en est pas moins source de
beauté), mais il y a avant tout l’inadéquation avec la famille. La fillette
s’attache davantage à sa chienne ou à sa nounou indienne (qui connaît des arts
que d’autres ignorent) qu’à ses parents ou ses frères et sœurs. Sa mère, une
beauté mulâtre qui aura enflammé plus d’un cœur, ne sait visiblement pas trop
quoi faire d’elle, et son père, un tireur d’élite régulièrement condamné à la
clandestinité et dont la présence menaçante s’impose même quand il est absent,
ne comprend rien à la soif de liberté et à la sensibilité exacerbée de sa
fille. L’enfance se passe dans la tension d’une guerre qui sévit de l’autre
côté des murs de la maison barricadée (<i>« que faire de ces longues
soirées de black-out, à part écouter le fracas des obus à la lueur des
bougies ? »</i>), puis Louvette est pour ainsi dire abandonnée à
elle-même par ses deux parents. Sa mère part vivre à New York et son père semble
avoir disparu. Lorsqu’il sera de retour, lui, <i>« cet astre mort d’une
forêt calcinée »</i>, ses relations avec Louvette seront d’une violence
telle qu’elles précipiteront le départ de cette dernière, envers et contre tout
et surtout contre son père, vers la France.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 35.4pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Mais il y a aussi une grand-mère
extravagante, le seul véritable allié peut-être, et il y a l’école française, une
langue nouvelle, ou plutôt <i>« un grand jeu de passerelles entre deux
langues »</i>. Puis vient l’adolescence, la découverte de la littérature
et du monde extérieur, l’amitié, la fête et l’amour, parfois frustré ou
tragique. Une jeunesse d’une intensité folle, racontée dans une <i>« langue
de feu »</i>.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 35.4pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 11.0pt;">Gabriela Trujillo – <i>L’invention de
Louvette</i> [Verticales, 2021, 256 pages, 21 euros]</span></p>
<p><style>@font-face
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{page:WordSection1;}</style></p>Guillaume Contréhttp://www.blogger.com/profile/00589262091720963299noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7744567062777624621.post-64780654369351844522022-05-24T20:55:00.003+02:002022-07-15T20:58:21.253+02:00Milène Tournier – Je t’aime comme <p>
</p><p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><b><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Aimer comme la ville</span></b></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">En revenant à la plus directe des
sources du lyrisme, Milène Tournier tente de retrouver la beauté dans la ville. </span></i></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></i></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"></span></i></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjqHHIGJHa6cqzAxc_RpHe7hvIOVKn1c6N0aCoOfHg1MZAZ6rDe9SlB61m--xvBFkhtyHa_zWx0inl2xJUFZoPGZwtPLkIIlHYMUToP6hMkdXx7lcYotXF8vaPG8M8qt-fITNTla3IkkojeN2Gy2yMT5ks487sO6fgqAK9fJDczEmS1v_MJAa2OuRRR7g/s293/21sUMX8AU7S._SX195_.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="293" data-original-width="195" height="293" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjqHHIGJHa6cqzAxc_RpHe7hvIOVKn1c6N0aCoOfHg1MZAZ6rDe9SlB61m--xvBFkhtyHa_zWx0inl2xJUFZoPGZwtPLkIIlHYMUToP6hMkdXx7lcYotXF8vaPG8M8qt-fITNTla3IkkojeN2Gy2yMT5ks487sO6fgqAK9fJDczEmS1v_MJAa2OuRRR7g/s1600/21sUMX8AU7S._SX195_.jpg" width="195" /></a></i></div><i><br /> </i><p></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></i></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">« Épouser le ‘tout ordinaire’
des lieux des villes »</span></i><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">,
c’est ainsi que Milène Tournier présente cette curieuse entreprise poétique qui
vise à redonner un souffle lyrique à nos cités saturées de signes, <i>« inépuisables »,</i>
pas toujours tendres et parfois même hostiles. Nos cités capitalistes, qui par
moments semblent nous refuser toute place émancipatrice, et dans lesquelles il
faut malgré tout se mouvoir, vivre, s’emporter, sentir. Pour ce faire, elle
choisit une méthode à la simplicité aussi désarmante que singulièrement
efficace : regarder la ville contemporaine, ce qui la compose, les lieux –
souvent marchands – qui structurent la vie sociale, <i>« avec les yeux de
l’amour transi »</i>. D’où le titre de ce recueil exhaustif qui, tel un
Perec naïf, épuise le réel ou redore son blason en se laissant déborder par le
plus simple, le plus direct et le plus complexe des sentiments : <i>Je
t’aime comme</i>.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>L’amour,
oui, comme un procédé d’écriture qui remonterait à la plus vieille, la plus
sincère, la plus ridicule, bref la plus belle des raisons d’écrire :
proclamer, haut et fort, à l’être aimé (ici, des lieux, des objets, des machines),
ses sentiments. Dire « je t’aime », d’une certaine façon, c’est avoir
tout dit, c’est attendre le climax avant même d’avoir commencé. Dès lors, la
seule façon de poursuivre, c’est d’en rajouter, avoir recours à la métaphore,
qui permettra de compléter le discours, dans un illusoire désir de précision superlative :
« je t’aime », oui, mais « comme » quelque chose. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>La
table des matières du livre, où les poèmes sont ordonnés par ordre alphabétique
(l’ouvrage pouvant être lu dans l’ordre que l’on souhaitera), est déjà en soi
un poème-liste : <i>« Je t’aime comme… …un abattoir …une agence
d’intérim …une agence de transfert d’argent …une agence de voyage …un ascenseur
…un atelier de retouches »</i>, etc. On l’aura compris, Milène Tournier
choisit les sujets de chaque poème dans le large éventail du quotidien le plus morne,
mais aussi le plus révélateur des tensions de la grande ville moderne (Paris,
en l’occurrence, même si elle n’a pas besoin d’être explicitement nommée). Il y
a dans son écriture une capacité à embrasser non seulement le banal, mais aussi
la violence sociale, à transmuter notre lot en une aventure de chaque jour. Ce
qui ne va pas, bien entendu, sans une certaine mélancolie et une certaine
ironie salvatrice. Le plomb du <i>« périph’ »</i>, du <i>« skatepark »</i>,
ou du <i>« hall de banque »</i>, devient l’or d’un monde parallèle où
nous ne serions pas tous condamnés à l’aliénation. Le projet, néanmoins, n’est
pas tant politique que sensible ; plutôt qu’un pamphlet, ce livre est une
incitation à mieux voir ce qui nous entoure, le rêve toujours renouvelé d’une
perception ascendante du réel, même si ce n’est qu’un vœu pieux. Ainsi, à
propos d’un passage piéton : <i>« Je t’aime comme une résolution,
qu’une fois de l’autre côté, on sera différent, on sera plus attentif et
vivant »</i>.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify; text-indent: 35.4pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Alors, aimons, au
fast-food, par exemple : <i>« Je t’aime comme on fait la queue pour
commander, la queue de retirer, la queue d’avoir une place manger, la queue aux
toilettes, la queue chez le médecin du foie et du diabète »</i>. On
visitera également un autre temple de la nourriture grasse et bon marché :
<i>« Je t’aime mon amour, promets-moi merveilles – et d’aller au
kebab »</i>. On fera une pause à la machine à café : <i>« Je
t’aime comme bientôt, peut-être, les cafés seront vides, les humains déjeuneront
debout devant chacun son Selecta, et, la nuit, dans les bouches de métro
désertées, on verra luire encore les Selecta, comme étoile sous terre »</i>.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify; text-indent: 35.4pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Derrière l’humour, on
devine une certaine qualité prophétique dans cet épuisement exhaustif de l’ici
et maintenant : <i>« Je t’aime comme, à la fonte de toutes les
banquises et patinoires de la Terre, on verra le grand terrain vague,
dessous »</i>. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 11.0pt; line-height: 115%;">Milène
Tournier – <i>Je t’aime comme</i> [Éditions Lurlure, 192 pages, 21 euros]</span></p>
<p><style>@font-face
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{page:WordSection1;}</style></p>Guillaume Contréhttp://www.blogger.com/profile/00589262091720963299noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7744567062777624621.post-33854053362398217912022-05-23T20:52:00.001+02:002022-07-15T20:54:48.851+02:00Diego Vecchio – L’extinction des espèces <p>
</p><p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><b><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Visite guidée</span></b></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">L’argentin Diego Vecchio réinvente
sous la forme d’une fable subtile et ironique l’histoire des musées et sonde
notre constant besoin de conserver sous vitrine les traces du passé. </span></i></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhz3iLYiPYZNu8EUOxiTdugBtueun1lS1v7BuSaxte-z2p3tIXFop5Jdx8Pe4YQi9vYrYuCgqtsaHknqkk05Jd0wZWuMdfve9CpZttFEKZKwLmqiu7h1W2vzuRqJmV4w-nbBVw0MMd5F0bQfWZWLheY6WGe1ogmwn7SKA4pWI-pAli99nU6V0XaLRuTbA/s588/L-extinction-des-especes.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="588" data-original-width="400" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhz3iLYiPYZNu8EUOxiTdugBtueun1lS1v7BuSaxte-z2p3tIXFop5Jdx8Pe4YQi9vYrYuCgqtsaHknqkk05Jd0wZWuMdfve9CpZttFEKZKwLmqiu7h1W2vzuRqJmV4w-nbBVw0MMd5F0bQfWZWLheY6WGe1ogmwn7SKA4pWI-pAli99nU6V0XaLRuTbA/s320/L-extinction-des-especes.jpg" width="218" /></a></div><br /><p></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> <br /></span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Cela commence par une histoire
d’héritage, ou plutôt par <i>« la naissance d’un fils illégitime »</i>,
l’un des cent qu’aura essaimé en Angleterre <i>« sir Hugh Percy Smithson,
premier duc de Northumbrie »</i>. Le fils en question, James Smithson,
lègue sa fortune à sa mort en 1829 pour que soit fondé à Washington <i>« un
établissement portant son nom, dédié au progrès et à la diffusion du savoir
auprès de tous les hommes »</i>. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>Jusqu’ici,
tout est vrai ou presque. Ensuite, ça se complique. La fiction distord le réel
pour mieux nous en offrir un portrait précis, « surréel » au sens le
plus littéral. Sur un ton docte et pince sans rire, qui n’est pas sans rappeler
Borges, bien sûr, mais aussi Juan Rodolfo Wilcock, Diego Vecchio nous raconte
par le menu l’histoire de la muséification galopante du monde, une épopée qui
ne pouvait commencer qu’au XIX<sup>ème</sup> siècle, celui par antonomase de la
science dans tout ce qu’elle a de plus sérieux et de plus délirant, et qui ne
pouvait commencer que dans un pays neuf et persuadé de sa grandeur, pour ne pas
dire sa mission : les États-Unis. Ainsi, <i>« que l’héritage de James
Lewis Smithson fût arrivé au moment où il était arrivé était une preuve
supplémentaire de l’existence d’une Loi qui régissait l’univers avec une préférence
marquée pour l’Amérique »</i>.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>Ça
commence aussi par le commencement, les dinosaures. Zacharias Spears est nommé
à la tête d’un <i>« château smithsonien »</i> flambant neuf dont
l’architecture prétentieuse vient donner un peu d’élan à une ville de
Washington qui <i>« était une localité à peine plus vaste qu’un
village »</i>, mais qui <i>« aspirait à devenir une grande
capitale »</i>. Spears, fort de sa découverte d’une technique idoine pour
la conservation des animaux empaillés, n’a plus qu’à remplir les lieux. Après
avoir racheté plusieurs collections chaotiques de cabinets de curiosité, il
allait mettre un peu d’ordre dans tout ce bazar et créer le premier véritable
Musée d’histoire naturelle : <i>« Quand les visiteurs auraient
traversé le hall de l’entrée Nord, les aiguilles d’une horloge hypothétique
commenceraient à tourner à l’envers à une vitesse vertigineuse, indiquant un
temps rétrograde où le jour présent<span style="mso-spacerun: yes;">
</span>serait l’hier, l’hier l’avant-hier, un temps antérieur à la naissance
des nations modernes, à l’effondrement des empires et à la fondation des
religions les plus anciennes, à l’invention de l’horloge, un temps précédent le
temps, où une seconde équivalait à plusieurs millions d’années, quand la Terre
n’était qu’un bébé astre à peine sorti de l’utérus du soleil »</i>.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>Les
dinosaures, donc : très vite, la machinerie se met en branle, d’autres
musées ouvrent un peu partout dans un pays encore en construction, et c’est la
course à qui rassemblera le plus d’ossements fossiles trouvés dans les couches
stratigraphiques des monts et des vaux. Les enchères grimpent, on s’arrache à
prix d’or le moindre fémur de stégosaure et on se tire dans les pattes pour
mettre la main sur un squelette complet de ptérodactyle. Le public suit, en
masse, puis se lasse. Voici que le cours en bourse des dinosaures est en chute
libre et qu’une nouvelle passion naît, plus américaine : celle des restes
des peuples « natifs », tous ces indiens qu’on massacre et parque
allègrement et qui ont l’audace de vivre à l’âge de pierre en plein XIX<sup>ème</sup>
siècle lancé à toute vapeur vers la civilisation. On lâche à travers le pays
des missions d’exploration, en quête du moindre couteau taillé dans un os, du
moindre enfant momifié, on crée ou recrée le grand récit du passé. Les musées
se font déjà spectacle et c’est la surenchère généralisée. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>On
en arrive forcément à la question du premier <i>« homonculidé »</i>,
lequel, évidement, ne croyez pas les bêtises qu’on vous raconte ailleurs, est
américain. Qu’importe si on n’a qu’une mâchoire – édentée, pour comble de
malheur – à montrer, cela n’empêchera de monter <i>« le plus grand musée
du monde, à faire pâlir l’Europe miteuse »</i>.<span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>Qui
dit conservation dit technique de conservation. Ainsi, une secrétaire parcourt
la vieille Europe – miteuse, décidément – en quête de tableaux de maître à
restaurer. Plus que contre <i>L’extinction des espèces</i> – titre ironique du
livre –, c’est contre l’extinction du passé qu’on prétend lutter. Et le passé,
muséifié, bien rangé et classé dans de belles salles ventilées où s’ennuient
les gardiens, est la fiction suprême, ce que Vecchio a bien compris. Pourquoi, dès
lors, ne pas en profiter pour imaginer, par exemple, un récit de la création du
monde où cette bestiole elle aussi bien américaine, l’écureuil, occuperait une
place centrale ? Pourquoi ne pas réinventer les langues, les coutumes et
les cosmogonies des diverses <i>« sociétés primitives »</i> qui
peuplèrent l’Amérique et sont maintenant à l’agonie ? </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>L’écriture
de Vecchio, dans son apparente simplicité, celle des contes, qui joue de la
répétition et du décalage subtil, se fait alors terrain de jeu infini. L’anthropologie
et l’ethnologie deviennent de grandes machines qui s’emballent et réinventent
la sexualité, les genres, les hiérarchies. Comme dans ses précédents livres, <i>Microbes</i>
et<i> Ours</i>, l’auteur aime faire légèrement dévier les codes, l’air de rien,
glissant le vers de son humour dans le fruit du savoir. <i>L’extinction des
espèces</i> en est sans doute l’incarnation la plus réjouissante et la plus
ambitieuse. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 11.0pt; line-height: 115%;">Diego
Vecchio – <i>L’extinction des espèces</i> [Traduit de l’espagnol (Argentine)
par Isabelle Gugnon – Grasset, 2021, 224 pages, 20 euros]</span></p>
<p><style>@font-face
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</p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><b><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Passage
à l’acte</span></b></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Comment
comprendre la pulsion meurtrière quand le tueur avec lequel on s’entretient est
lui-même incapable de l’expliquer ? C’est ce mystère qu’aborde ce
remarquable livre de l’argentin Carlos Busqued.</span></i></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiiE5Wf80tQ9V5O6loJNc7rJjKvPDYE4g3FiXtVVECVqUxBOZRGmyfqQb3J-YcMA03_e6uHUAxMQsdQgFc664Zj0xsO1aaVTP8tPODqNWi9abJ2idbEGobtgrJuzAPepVccWpKIpZN3eI8EUugFc_fxHISaBBrWnAKTs_3khxNB2B2K_H32GhJMGDD40Q/s499/31yfpV1QZmL._SX335_BO1,204,203,200_.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="499" data-original-width="337" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiiE5Wf80tQ9V5O6loJNc7rJjKvPDYE4g3FiXtVVECVqUxBOZRGmyfqQb3J-YcMA03_e6uHUAxMQsdQgFc664Zj0xsO1aaVTP8tPODqNWi9abJ2idbEGobtgrJuzAPepVccWpKIpZN3eI8EUugFc_fxHISaBBrWnAKTs_3khxNB2B2K_H32GhJMGDD40Q/s320/31yfpV1QZmL._SX335_BO1,204,203,200_.jpg" width="216" /></a></div><br /><p></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Que
se passe-t-il dans la tête d’un tueur ? La question n’est pas nouvelle et
peut-être faudra-t-il alors la reformuler plus précisément : que se
passe-t-il dans la tête d’un tueur qui n’a pas de motifs apparents pour
commettre son crime ? C’est sur cet abime inquiétant, celui qui, dans une
chute vertigineuse, conduit quelqu’un non seulement à s’emparer avec violence
de la vie d’autrui mais surtout, à le faire sans raison apparente, presqu’en
automate, qu’a décidé de se pencher l’écrivain argentin Carlos Busqued. Après
avoir signé il y a une dizaine d’années un premier roman remarquable et
remarqué dans le monde hispanophone (hélas non traduit), roman qui dépeignait
déjà un monde de personnages amorphes et comme dépourvus de morale (et donc
capables de tout), voici que pour son deuxième livre il décide de s’approcher
encore plus près de l’abime en se défaisant du truchement de la fiction pour
entrer de plain-pied dans le réel et s’entretenir sur la durée d’un livre avec
un vrai tueur en série, Ricardo Melogno.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>En septembre 1982, alors que la
dictature argentine commence à sérieusement patauger après une lamentable
guerre des Malouines qu’elle était condamnée à perdre, un jeune homme sans
histoire apparente tue dans la même semaine, dans le même quartier et selon le
même protocole (une balle dans la tête, tirée depuis le siège arrière) quatre
chauffeurs de taxis. L’affaire, sur le moment, fait grand bruit, surtout parce
que la police est incapable de tirer cela au clair. Les rumeurs les plus folles
vont bon train, la presse s’en empare, les témoins les moins fiables
s’expriment, le mystérieux tueur est imité par d’autres moins originaux que lui
qui cherchent sans doute à profiter de leur propre quart d’heure de gloire,
etc. La chose est finalement réglée lorsque le frère du tueur – qui a trouvé
caché dans la maison de leur père commun les papiers des quatre victimes –
vient voir la police et les conduit au meurtrier.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>Ricardo Melogno sera naturellement
condamné et passera une trentaine d’années entre prisons et établissements psychiatriques.
Mais son arrestation, en réalité, ne règle rien : pourquoi a-t-il tué ces
quatre chauffeurs ? S’agissait-il d’un coup de folie passager ?
L’accusé, en tout cas, sera incapable de donner une réponse à chaque fois qu’il
sera interrogé sur les raisons de ses actes. Silence radio. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>Si le livre est paru en espagnol
dans la même collection littéraire où était paru le premier roman de l’auteur,
son (excellente) traduction française paraît dans la collection
« monographie clinique » d’un éditeur lié à la psychanalyse. Ces
apparents hasards éditoriaux n’en sont pas et disent bien la nature
particulière et passionnante du livre de Busqued : un recueil d’entretiens
au long cours, menés peu de temps avant la libération du tueur, qui présente un
grand intérêt littéraire sans jamais tomber dans l’esthétisme de ce qu’on
appelle désormais la « non-fiction ». Au contraire, la présence de
Busqued y est aussi discrète qu’essentielle : c’est lui, bien sûr, qui interroge
le tueur, en ne le prenant jamais de haut ni de biais, en lui posant simplement
les bonnes questions le plus naturellement du monde. C’est ensuite le travail
de montage, et l’enrichissement du texte avec quelques interviews annexes
(auprès des médecins ou juges qui ont traité son cas), plus quelques extraits
de presse et de rapport judiciaires, qui convertissent ce « simple »
recueil d’entretiens en un grand livre sur l’insondable mystère du passage à
l’acte.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span><i>« J’ai ou j’avais, quelque
chose que m’ont appris les psychiatres et qui est la paraphrénie, la capacité d’être
dans ce monde et dans un autre en même temps, de parler par exemple avec toi et
en même temps, dans ma tête, d’être ailleurs »</i>, confie Melogno à
Busqued. Notre tueur n’a rien, a priori, du monstre calculateur que nous ont
dépeint moult films hollywoodiens sur le thème du sérial killer. Peut-être en
est-il un, de monstre, malgré tout, et plus d’une anecdote sur sa vie difficile
font froid dans le dos, mais Busqued ne prétend pas le montrer comme tel. Il
l’aborde de la seule façon possible, non comme une bête de foire, ni même
d’ailleurs tout à fait comme un « cas clinique », mais comme un être
humain qui se trouve là où il doit être (enfermé) et qui l’accepte, connaissant
parfaitement son <i>« côté obscur »</i>, sachant que son histoire <i>« a
beaucoup de trous, qui ont été comblés par les experts, les psychiatres, les
médecins »</i>. <i>« Et ces choses ont fini par prendre corps et
réalité »</i>, poursuit-il, <i>« je reconstruis mes actes à partir
des mots des autres, je reconstruis le temps à partir de la chronologie des autres,
parce que si tu me demandes à moi, j’avais pas conscience du temps à cette
époque »</i>.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>Le livre se penche aussi bien sur
l’acte (les meurtres) que sur l’enfance du tueur (une mère inquiétante qui
pratique la <i>santería</i> et autres sorcelleries) et sur ses années
d’enfermement dans des conditions effrayantes. Mais l’épisode des meurtres,
cette courte semaine où Melogno vivait en clochard et parcourait les rues,
absent, tel un zombi, reste, malgré qu’il soit précisément décrit, un trou
noir : tout tourne autour de lui, mais il continue d’échapper. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 11.0pt;">Carlos Busqued – <i>Les quatre crimes de
Ricardo Melogno, entretiens</i> [Traduit de l’espagnol (Argentine) par Guy Le
Gauffey – Epel, 2020, 172 pages, 21 euros]</span></p>
<p><style>@font-face
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{page:WordSection1;}</style></p>Guillaume Contréhttp://www.blogger.com/profile/00589262091720963299noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7744567062777624621.post-19702325520406003712022-05-13T20:46:00.004+02:002022-07-15T20:49:09.558+02:00Didier da Silva – Dans la nuit du 4 au 15 <p>
</p><p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><b><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Télescopages temporels</span></b></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Tous les jours sont un même jour et
une infinité d’autres, ce que démontre Didier da Silva dans un almanach aussi
permanent que personnel où les époques, les anecdotes, les naissances et les
morts ne cessent de se croiser.</span></i></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></i></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></i></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"></span></i></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgVaQ8U9DpsYbi--pG54FrXnzwenn7dK7GNv38ozmV9G3QBWnYeIt-Q6Hn41j81A7nWYqCIzR9p2ZtydGgU7vfHoImtBa302WVb7Q4xXFSsYyj3cfvC9zY73fPNmC_3zFGFqfD5ztnKAaolb61tHbG_jgzo68m2Jry8Ph-HB_3ceCYVqVgmDmoVBxNvGA/s292/51D6G9hZW9L._SX195_.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="292" data-original-width="195" height="292" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgVaQ8U9DpsYbi--pG54FrXnzwenn7dK7GNv38ozmV9G3QBWnYeIt-Q6Hn41j81A7nWYqCIzR9p2ZtydGgU7vfHoImtBa302WVb7Q4xXFSsYyj3cfvC9zY73fPNmC_3zFGFqfD5ztnKAaolb61tHbG_jgzo68m2Jry8Ph-HB_3ceCYVqVgmDmoVBxNvGA/s1600/51D6G9hZW9L._SX195_.jpg" width="195" /></a></i></div><i><br /> </i><p></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">On peut organiser le temps en
belles lignes droites, faire de la succession des jours une avancée
inébranlable, sans soubresauts ni passe-droits, le mercredi succédant au mardi,
mars à février et le XXI<sup>ème</sup> siècle au XX<sup>ème</sup>. Qu’il soit
des postes ou chinois, richement illustré ou froidement pratique, le calendrier
est implacable, il impose sa loi à la vie des hommes. On peut, pourtant, le
considérer cyclique, telles les saisons qui se répètent inlassablement,
indifférentes aux années que les humains s’obstinent à chiffrer arbitrairement.
Le calendrier devient alors almanach perpétuel, un 30 novembre ou un 26 juillet
équivalent ainsi à tous les 30 novembres ou 26 juillets depuis que l’homme est
homme ou, du moins – car l’ambition a ses limites – depuis que, non moins
arbitrairement, il aura donné aux mois, aux jours, des noms. C’est bien là le
propos de Didier da Silva qui, d’un septembre à l’autre, propose à son lecteur
d’assister à l’égrainement hypnotique, jour après jour, d’une année pour ainsi
dire générique. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify; text-indent: 35.4pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Le projet, entamé sur
les réseaux sociaux sous la forme d’un feuilleton quotidien intitulé
« rêverie calendaire », propose comme l’indique Jean Echenoz dans sa
préface <i>« un univers parallèle »</i> qui s’avère d’autant plus
convainquant qu’il est <i>« soigneusement méthodique »</i>. Une
méthode qui n’a rien de la prétention performative : il ne s’agit pas,
pour notre auteur, de nous en mettre plein la vue, mais bien, porté par le <i>« tamis
de ses goûts »</i>, de jouer, de s’émerveiller ou de s’émouvoir des
improbables ou magnifiques croisements et crocs-en-jambe que les hasards du
calendrier ne cessent de proposer (ou provoquer). Des hasards parfois trop
parfaits pour être honnêtes, mais comme le réel, de tout temps, aura su dépasser
la fiction, il n’y avait pas de raison de s’en priver. Ainsi, <i>« le 8
avril interroge la poussière : John Fante a 2 ans quand naît Emil
Cioran » </i>; le 16 mars, quant à lui, convoquera tour à tour les
naissances de René Daumal (1908) et Jerry Lewis (1926), tandis que le 6 juin
s’offrira le luxe d’un Pouchkine <i>« deux siècles après Velázquez »</i>,
mais aussi (<i>« c’est d’un goût douteux »</i>) d’un fadasse Guillaume
Musso. Par ailleurs, <i>« le 20 mai 1896, tandis que meurt Clara Schumann, le
contrepoids d’un lustre du Palais Garnier se décroche et tue une spectatrice de
Faust »</i>. Naturellement, dans ce défilé incessant de naissances et de
morts (que ce soient celles d’artistes admirables ou piteux, de saints
autoproclamés ou d’astronomes malchanceux), d’évènements incroyables ou
risibles, de catastrophes diverses (accidents d’avions, séismes, éruptions), le
temps, même si on joue à le chambouler tel un chien dans un jeu de quilles, ne
cesse pas pour autant d’agir et notre <i>« enquêteur »</i> doit se
rendre à l’évidence : <i>« la mort est partout et toute
superstition est donc sans objet »</i>. De toute façon, <i>« on se
doutait, d’entrée de jeu, que le calendrier est un cimetière »</i>. Mais
qu’importe, car <i>« nous scrutons, nous scrutons avidement les
signes »</i>. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify; text-indent: 35.4pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Ainsi, ce livre, dont
les entrées passent sans encombre du haïku à la petite nouvelle, saisissant
alors l’occasion, comme le proposais Schwob ou Borges, de résumer la vie d’un
homme à une ou deux anecdotes (et le calendrier, au fil des siècles, en a
pléthore), a quelque chose de mélancolique, même si le sens de l’humour et la
prose aussi élégante qu’élastique de Didier da Silva évitera de nous faire
broyer du noir. Parachevant un travail entamé en 2014 avec le vertigineux <i>L’ironie
du sort</i>, rappelant par moments la litanie tragi-comique de morts
d’écrivains dont l’américain David Markson dresse la liste dans <i>Arrêter
d’écrire</i>, <i>Dans la nuit du 4 au 15</i> (celle où, en 1582, le passage
d’un calendrier à un autre fit disparaître corps et biens 11 jours) est une
sorte de manuel aussi lucide qu’amusé qui, en la démultipliant, pourra
peut-être contribuer à nous faire avaler sans douleur cette pilule amère, cette
fuite en avant : le passage incessant du temps, qui n’a que faire de nos
brèves existences. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 11.0pt; line-height: 115%;">Didier
da Silva – <i>Dans la nuit du 4 au 15</i> [Quidam, 2019 – 260 pages – 20 euros]</span></p>
<p><style>@font-face
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{page:WordSection1;}</style></p>Guillaume Contréhttp://www.blogger.com/profile/00589262091720963299noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7744567062777624621.post-12789256510061924512022-05-11T20:40:00.004+02:002022-07-15T20:45:52.122+02:00César Aira – Prins <p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><b><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Dans les labyrinthes opiacés</span></b></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Ce roman de l’argentin César Aira
est une nouvelle plongée dans un univers où la littérature est un artifice
mouvant, un exercice onirique et théorique aux miroirs déformants.</span></i></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></i></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></i></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"></span></i></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEipujllSfen8GCCacNs3PKxq3pvHzYQHp-1phMCKLhCPtNZFOcthNyYRhRXVnqS_aPSIv1S-DegFTyFfAu0aSpJsILbkMLmvQvxi0bWA2eeaMpD85Lou-_eUW1T0iG__Oq_v49ms3ELOTGQHN3hmh85WKti31uOOiRasdmOo5P3tKZqHaHhFS914fp5hQ/s1024/Aira-Prins-614x1024.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1024" data-original-width="614" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEipujllSfen8GCCacNs3PKxq3pvHzYQHp-1phMCKLhCPtNZFOcthNyYRhRXVnqS_aPSIv1S-DegFTyFfAu0aSpJsILbkMLmvQvxi0bWA2eeaMpD85Lou-_eUW1T0iG__Oq_v49ms3ELOTGQHN3hmh85WKti31uOOiRasdmOo5P3tKZqHaHhFS914fp5hQ/s320/Aira-Prins-614x1024.jpg" width="192" /></a></i></div><i><br /> </i><p></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Si la fantaisie, l’invention
frénétique et le caprice semblent servir de colonne vertébrale cubiste aux
fictions que produit sans discontinuer César Aira, comme s’il s’agissait de
multiplier des poissons dont les couleurs ne cessent de surprendre, son œuvre
est aussi une constante réflexion sur l’écriture, ses apories et ses chausse-trappes.
La péripétie, un héritage du roman d’aventures que cet admirateur de Stevenson
ne saurait renier, ne lui sert pas qu’à concevoir des situations rocambolesques
ou absurdes et à tendre des pièges à ses personnages. Elle est aussi, voire
surtout, l’opportunité de se prendre avec plaisir les pieds dans un tapis qu’il
tisse lui-même patiemment, en assumant de surcroit tous les risques de
l’exercice. Il s’agit d’écrire des romans qui s’inventent en temps réel et
d’inviter le lecteur à suivre pas à pas (avancées, sur-places et reculs
compris) le mécanisme déjanté de cette invention aussi fragile que brillante.
Paradoxalement – mais Aira est aussi un admirateur de Chesterton, maître du
paradoxe s’il en est – ses livres sont des exercices de virtuosité qui n’ont
pas peur d’exploser en plein vol. Ce qui, nouveau paradoxe, est peut-être une
des raisons pour lesquelles on ne se lasse pas de le lire : car il ne nous
propose pas seulement d’admirer bouche-bée l’étendue de sa pyrotechnie, préférant
à l’objet parfait (autrement dit à la simple exploitation comptable de son
talent) l’armature branque de textes qui ne cessent de se métamorphoser et de
saper leurs propres fondements en de périlleux exercices faits de digressions, de
désaxements et <i>« d’inexplicables coïncidences »</i>. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify; text-indent: 35.4pt;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Prins</span></i><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> raconte l’histoire d’un écrivain
de best-sellers qui, lassé de son succès trop facile et déprimé d’avoir trahi
sa vocation sur l’autel du profit et de la facilité, décide un beau jour de
cesser d’écrire. Notre auteur – sorte de nouveau Pierre Ménard puisque son
œuvre n’est autre qu’une réécriture à l’identique de tous les classiques
fondateurs du gothique (<i>Le Château d’Otrante</i>, <i>Le Moine</i>, etc.) –
décide de se mettre en quête d’une activité à même d’occuper un temps dont il
ne sait désormais plus que faire. Cette activité, ce sera l’opium, ce <i>« lotus
de l’oubli »</i>, un <i>« véritable Panzer psychique »</i> qu’il
se procurera au terme d’un long trajet en bus dans les quartiers populaires de
Buenos Aires, où la délinquance est reine. <span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify; text-indent: 35.4pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Les vapeurs opiacées serviront
dès lors de guide dans un récit gigogne où le temps et l’espace semblent par
moment se confondre, se superposer ou s’annuler et les angles aigus devenir obtus.
Un des personnages y est justement l’inventeur du <i>« Transformateur
Concave Convexe »</i>, tandis que l’endroit dans lequel l’écrivain vient
acheter la drogue se nomme <i>« L’Antiquité »</i>, un lieu où <i>« les
trésors du temps, libérés de la matière »</i>, peuvent tenir. Car c’est
bien le langage, ce <i>« grand lancer de dé à vingt-six faces »</i>
qui conduit ici à <i>« l’effet central de l’opium »</i>, un
rapprochement halluciné et continuel entre opposés ou, plus exactement, <i>« un
dédoublement de la réalité »</i> : <i>« Sur un premier plan, on
volait vers les jardins flottants de la divine fantaisie ; sur l’autre
régnait le réalisme le plus prosaïque. »</i></span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify; text-indent: 35.4pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Ainsi, le réalisme,
cette <i>« frontière au-delà de laquelle les rêves cessaient de
fonctionner » </i>est-il le mur sur lequel l’opium vient buter, une
drogue où est en jeu une <i>« contradiction entre le figuratif et
l’abstrait »</i>, car, à l’instar des romans, il est <i>« remarquablement
figuratif dans la mesure où il puise dans le patrimoine imaginaire de l’usager »</i>.
</span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify; text-indent: 35.4pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">La théorie littéraire
et la péripétie, dans <i>Prins</i>, ne cessent donc d’échanger leurs vêtements
jusqu’à se confondre. Les épisodes absurdes se succèdent dans un grand puzzle
qui est d’abord la carte mentale du protagoniste principal enfermé dans sa maison
immense dont le décor imite ceux des romans qu’il a écrit, une atmosphère
moyenâgeuse de carton-pâte dans laquelle il évolue, accompagné d’Alicia qui,
selon lui, <i>« dans un flou qui n’avait rien à voir avec les
clairs-obscurs de Poussin »</i>, est <i>« ma maîtresse et ma servante
à la fois »</i>, et de l’Huissier, son dealer reconverti en personnage
fuyant errant d’une pièce à l’autre.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify; text-indent: 35.4pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Mais comme <i>« la
souplesse que me procurait l’opium me permettait de pratiquer l’univers
intérieur aussi bien que l’extérieur »</i>, notre héros, depuis sa tour
d’ivoire des beaux quartiers, est rattrapé par le monde réel, celui d’une ville
immense et violente. Flotte ainsi la menace d’une guerre des gangs et les
souvenirs de la jeunesse trouble du protagoniste, dans l’imposant édifice
néo-gothique inachevé de la faculté d’ingénierie de Buenos Aires, construite
par un certain Arturo Prins. Chez Aira, <i>« la réalité est
tridimensionnelle »</i> et l’écriture est l’opportunité toujours
renouvelée de <i>« l’utiliser comme un moule pour y couler du neuf »</i>.
Le lecteur n’a plus qu’à se laisser porter, le jeu en vaut la chandelle.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 11.0pt; line-height: 150%;">César
Aira – <i>Prins </i>[traduit de l’espagnol (Argentine) par Christilla Vasserot
– Bourgois, 2019, 172 pages, 15 euros]</span></p>
<p><style>@font-face
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{page:WordSection1;}</style></p>Guillaume Contréhttp://www.blogger.com/profile/00589262091720963299noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7744567062777624621.post-10083533578544702102022-05-05T20:35:00.001+02:002022-07-15T20:40:28.659+02:00Iñaki Uriarte – Bâiller devant Dieu – Journal 1999-2010<p>
</p><p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><b><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Diariste insoumis</span></b></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">La traduction française d’une
sélection des trois volumes du journal d’Iñaki Uriarte est l’occasion de
découvrir une personnalité attachante revendiquant sa liberté comme sa paresse.</span></i></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></i></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></i></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"></span></i></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjI8OifHmiHLYaYMrOY9R_f1BTYXdAvl-xCzCPS8QZ5dl_qxCaW1Yq_dRJ5LjU7j9fZwA72IDnDXH2NiwEiGD-eiVIAMQYmyeie63fR0c5sPzlKCxhcsv_juSzI7mLDtqjxbIm9bcAKTcu_HBerrKQPQv5hTu77dpIOv2B70yqrAA3ddWC15OjhA18SXA/s1000/title-1582715916.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1000" data-original-width="698" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjI8OifHmiHLYaYMrOY9R_f1BTYXdAvl-xCzCPS8QZ5dl_qxCaW1Yq_dRJ5LjU7j9fZwA72IDnDXH2NiwEiGD-eiVIAMQYmyeie63fR0c5sPzlKCxhcsv_juSzI7mLDtqjxbIm9bcAKTcu_HBerrKQPQv5hTu77dpIOv2B70yqrAA3ddWC15OjhA18SXA/s320/title-1582715916.jpg" width="223" /></a></i></div><i><br /> </i><p></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></i></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">« Ni « esprit de
sacrifice », ni « soif de dépassement », ni « aspiration à
l’excellence ». Ni de respect ou de sympathie quelconque pour ce genre de
choses. » </span></i><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Le
basque Iñaki Uriarte n’est certainement pas de ces diaristes qui aiment étaler
en couches épaisses leur égo sur les longues tartines qu’ils rédigent
quotidiennement. Il appartiendrait plutôt, comme le propose avec justesse dans
sa préface Frédéric Schiffter, à la catégorie des <i>« stylistes du
détachement »</i> et il convient de souligner que le mot
« style » s’applique ici davantage à une façon de concevoir la vie plutôt
qu’à une façon d’envisager l’écriture. D’autant que notre auteur est
parfaitement conscient que la littérature est <i>« un art en déclin »</i>,
ce qui ne lui semble pas nécessairement dramatique. Comme il prend un malin
plaisir à le démontrer au détour de l’une ou l’autre page de ce qu’il nomme ses
<i>« notes » </i>(<i>« une sorte de jouet »</i>,<i> </i>précise-t-il,
<i>« comme ces trains électriques que certains adultes installent dans une
pièce qui leur est entièrement dédiée »</i>), la pratique de la lecture
n’est certainement pas une garantie d’intelligence ou de dignité. Pour sa part,
il est de ceux qui revendiquent une certaine nonchalance dans l’écriture, la
fameuse <i>sprezzatura</i> de la renaissance italienne, une forme de naturalité
qui, pour ne pas être moins artificielle qu’une autre, touche néanmoins plus
juste. <span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify; text-indent: 35.4pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Le journal qu’il aura
tenu entre 1999 et 2010 – et qu’il continue peut-être de tenir, mais ne publie
plus – est un modèle de concision et ce n’est pas le moindre de ses mérites que
d’être écrit dans une prose aussi directe qu’addictive. Ce qui ne l’empêche pas
d’être parfaitement conscient des risques de l’exercice : <i>« Le
plus souvent, le plaisir que nous procure la lecture d’un auteur au style
transparent réside dans le fait que nous y voyons tout, je veux dire tout ce
qu’il y a de mauvais. »</i> <span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify; text-indent: 35.4pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Les entrées souvent
courtes de ce journal, rédigées par quelqu’un qui <i>« aime le temps lent,
pressé par aucune urgence »</i>,<i> « presque à la limite de
l’ennui »</i>, se réduisent parfois à la trompeuse simplicité de l’aphorisme,
à l’autoportrait à double tranchant, au portrait vachard d’autrui : <i>« Je
suis un mythomane qui aime chercher des noises aux mythes »</i> ; <i>« Alors
qu’il est tellement facile de ne pas écrire un mauvais livre »</i> ; <i>« Mystères
littéraires. Il tient une chronique dans El Mundo une fois par semaine. Il
m’avoue n’acheter El Mundo que ce jour-là pour y lire son texte. </i>» ;
<i>« Ils exagèrent leurs peurs afin que leur conscience finisse par tolérer
leur racisme. »</i> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify; text-indent: 35.4pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Et l’on pourrait
continuer longtemps comme ça, tant la prose de ce moraliste subtil semble par
moment avoir été conçue pour être citée. Néanmoins, gardons-nous bien de ne pas
prendre Iñaki Uriarte pour celui qu’il n’est pas : s’il aime poser sur le
monde un regard moral et s’interroger sur l’éthique, c’est loin d’être un
donneur de leçons. Entre autres raisons qu’il trouve moins de réponses à ses
questions que de contradictions qu’il sait accueillir d’un air réjoui : <i>« Tandis
que je noircis ces pages m’apparaissent toujours plus clairement les nombreuses
contradictions qu’elles contiennent. Au moins seront-elles utiles pour écarter
de manière irréfutable l’idée que nous sommes « tout d’une pièce », « cohérents »,
jouissant d’une « personnalité propre » et autres stupidités du même
acabit. » </i>Car, davantage qu’en moraliste, c’est en ironiste que se
voit Uriarte. C’est-à-dire en observateur mélancolique et pince sans rire du
monde et de la vie des gens, que ce solitaire contrarié contemple tant à
Bilbao, où il vit, que sur la plage de Benidorm, cité balnéaire dont les
modestes qualités lui semblent trop souvent sous-estimée ; un observateur
toujours prêt à voir dans son propre œil la poutre qu’il n’aura pas manquée de
voir dans celui des autres. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify; text-indent: 35.4pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Au fond – et ce n’est
pas, derechef, la moindre de ses qualités – notre basque, qui se définit comme <i>« un
autodidacte paresseux et arbitraire »</i>, est un modeste et il préfère
citer ses auteurs préférés plutôt que se perdre en pensées mal ébauchées. Ses
« maîtres » ont pour nom Montaigne et Borges – il a même donné le nom
de l’Argentin à son chat, autre personnage récurrent de ce journal –,
régulièrement rejoints sur leur podium par Samuel Johnson, Paul Valery ou
Rafael Sánchez Ferlosio, autant de personnalités lucides dont la pensée n’est
guère susceptible d’avoir répondu aux sirènes de l’air du temps. Son rapport au
savoir est celui d’un picoreur inconstant, toujours frustré de ne pouvoir
entrer plus avant dans les arcanes de la connaissance, tout en se demandant si
cela est bien nécessaire ; <i>« Bouvard et Pécuchet, c’est moi »</i>,
conclut-il. S’il lui arrive d’évoquer les personnalités connues qu’il aura pu
croiser à l’un ou l’autre moment de sa vie, cela lui fait, dit-il, <i>« l’effet
de celui qui prend la pose devant la tour Eiffel et place la photographie dans
un album »</i>. Uriarte, au fond, loin de rouler des mécaniques, sait pertinemment
que <i>« s’occuper des personnes malades est l’une des rares choses qui donnent
du sens à la vie »</i> et que <i>« parfois, un seul malade
suffit : vous-même ».</i></span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></i></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 11.0pt; line-height: 115%;">Iñaki
Uriarte – <i>Bâiller devant Dieu – Journal 1999-2010</i> [Traduit de l’espagnol
par Carlos Pardo – Séguier 2019, 296 pages, 21 euros]</span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 11.0pt; line-height: 115%;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></p>
<p><style>@font-face
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{page:WordSection1;}</style></p>Guillaume Contréhttp://www.blogger.com/profile/00589262091720963299noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7744567062777624621.post-77985724431201092752022-04-02T20:30:00.008+02:002022-07-15T20:35:15.324+02:00Pierre Sky – Chant-contre-Chant / Sébastien Smirou – Pierre Sky l’enchanté<p>
</p><p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><b><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Mélancolie cinéphile</span></b></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Deux livres fonctionnant en
parallèle, entre fiction et essai, se penchent sur les chansons dans les films
de Nanni Moretti et plus largement sur cet étrange baume au cœur qu’est la mélodie
populaire. </span></i></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></i></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"></span></i></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhQ52Tj7w9to99bvImHAMeO_UslqiKpRJyYqyXS6_cFWgEIpeUEO8CAQRfqXiMc4xeuD0uiY4ZXisO4vVVx2IOwuNkUV8zI8kUJeFixHO76n_h6Flo2QcKLD91-HY3oV42IY8iC4ZDkHCLF8E70gfq555iFJ2073MZ1ZoptuhvCurCH9HwGdvlfNp-_lA/s500/70506.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="500" data-original-width="304" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhQ52Tj7w9to99bvImHAMeO_UslqiKpRJyYqyXS6_cFWgEIpeUEO8CAQRfqXiMc4xeuD0uiY4ZXisO4vVVx2IOwuNkUV8zI8kUJeFixHO76n_h6Flo2QcKLD91-HY3oV42IY8iC4ZDkHCLF8E70gfq555iFJ2073MZ1ZoptuhvCurCH9HwGdvlfNp-_lA/s320/70506.jpg" width="195" /></a></i></div><i><br /> </i><p></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">« Un livre peut en cacher — ou
en dévoiler — un autre. »</span></i><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">
Deux livres, signés de deux auteurs qu’on pourrait croire différents, publiés à
quelque mois d’intervalle par le même éditeur, tendent de l’un à l’autre des
ponts sensibles et réflexifs. Le premier, <i>Chant-contre-chant</i>, signé par
un certain Pierre Sky, est un essai tout en finesse et digression sur la place
du chant dans les films de Nanni Moretti ; le second, <i>Pierre Sky
l’enchanté</i>, signé par Sébastien Smirou (psychanalyste auteur de plusieurs recueils
de poésie chez POL), est une <i>« enquête intime »</i> à la première
personne dans lequel l’auteur <i>« brosse le portrait d’un homme de
presque quarante ans »</i> qu’il connaît pour l’avoir reçu dans son
cabinet <i>« trois fois par semaine pendant dix mois »</i>. Un livre
qu’il écrit <i>« en miroir de son livre à lui, Pierre Sky »</i>, ce
curieux essai consacré aux <i>« fonctions de la chanson » </i>chez Moretti.
Sky aurait ainsi confié à Smirou son manuscrit – à charge pour lui de le faire
publier – avant de disparaître. S’est-il donné la mort ? C’est ce que
pense Smirou et c’est basé sur cette conviction qu’il se permet de trahir le
pacte de confidentialité en reconstruisant ses séances avec Sky, <i>« en
restaurant les éléments endommagés par le temps et le refoulement »</i>, <i>« en
éclairant la scène de trois quarts plutôt que de face »</i>. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>Faut-il
le préciser ? Pierre Sky n’existe pas, Smirou l’a inventé – dans une mise
en abîme cinéphile, il l’a affublé du nom du père du critique Serge Daney – et
il est bien le seul auteur des deux livres. De même qu’il <i>« arrive
qu’une chanson parle à notre place, avec bien plus de précision quant aux
émotions qui nous habitent alors, bien plus d’à-propos que nous n’en sommes
capables »</i>, sans doute l’invention d’un personnage ultra-sensible
(particulièrement, donc, aux chansons), presque orphelin (sa mère est internée
en asile et, enfant, il s’explique son absence en échafaudant de complexes
théories symboliques dans lesquelles interviennent entre autres des
extra-terrestres), permet-elle à Smirou d’aborder une certaine forme de
mélancolie sans se convertir en <i>« analyste à gros sabots »</i> (et
l’observation vaut également pour le livre sur Moretti). Ainsi l’auteur <i>« marche
dans les pas »</i> de son patient imaginaire <i>« sur le chemin de sa
disparition »</i>, tout comme le cinéaste italien raconte, dans <i>La
chambre du fils</i>, le deuil, une fois que ladite disparition est consommée. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>Ce
qui unit les deux livres – le témoignage fictif et l’essai véritable – c’est
bien un fil mélancolique et son rapport à la joie, cette chose fuyante,
toujours éphémère et d’autant plus précieuse. Un fil que la chanson populaire
incarne mieux que personne dans son pouvoir de ritournelle obsédante et par sa
capacité à toucher l’auditeur malgré ses préventions, dans tout ce qu’elle peut
porter d’exaltation sentimentale, de soupape où déverser un trop-plein, mais
aussi de boomerang qui revient en pleine figure, à l’exemple de ces personnages
d’un des premiers films de Moretti qui <i>« chantent ainsi l’amour dont
ils connaissent l’existence sans jamais l’éprouver »</i>. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify; text-indent: 35.4pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Pierre Sky, cet homme
qui se plaint <i>« d’un mal singulier »</i>, raconte à son
psychanalyste certains rêves dans lesquels s’expriment son identification avec l’italien
(plus loin, il mettra littéralement en scène certaines scènes clés de ses films
préférés du maître) et, dans <i>Chant-contre-chant</i>, écrit (ou plutôt
Smirou, en ghost-writer) sur ces moments particuliers, récurrents, où les
personnages de Moretti – et souvent le réalisateur lui-même, acteur central de
tous ses films – se mettent à chanter par-dessus une chanson de la radio ou
d’un disque.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify; text-indent: 35.4pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Sky/Smirou voit dans
ces scènes où deux types de voix se superposent (celles d’un disque et celles
des comédiens) jusqu’à <i>« saturer l’espace cinématographique »</i> une
forme particulière qu’il nomme donc chant-contre-chant. Un procédé qui <i>« rend
heureux par le ressouvenir en avant qu’il constitue, par l’histoire d’amour
qu’il réinvente (histoire d’amour avec la chanson même) »</i>. L’occasion
d’interroger <i>« l’essence du cinéma sonore »</i> (ce n’est
certainement pas un hasard si le cinéma parlant commence avec un film justement
intitulé <i>Le chanteur de jazz</i>) et l’occasion, surtout – à travers cet art
<i>« populaire et élitaire »</i>, selon des propos de Daney cités par
Sky/Smirou –, de revendiquer une <i>« noblesse du populaire »</i> que
la chanson semble cristalliser. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify; text-indent: 35.4pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">La chanson, pour Pierre
Sky, ce n’est pas une mince affaire, l’effet qu’elle a sur lui n’est pas
métaphorique : <i>« il lui suffisait pour s’effondrer de se trouver
dans le viseur d’une chanson. »</i> Le voici traversé <i>« de part en
part »</i> par une <i>« aiguille »</i> qui <i>« défaisait
en un instant sa carapace de quarante ans, comme si l’ensemble n’avait jamais
tenu qu’à un fil invisible »</i>. C’est bien ce même fil délicat qui se
tisse entre ces deux livres qui rendent un bel hommage à la sensibilité et aux
pouvoirs du cinéma et de la chanson de la transcender. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 115%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 11pt; line-height: 115%;">Pierre
Sky – <i>Chant-contre-Chant</i> / Sébastien Smirou – <i>Pierre Sky l’enchanté</i>
[Marest éditeur, 2019 – 144 pages, 9 euros & 138 pages, 12 euros]</span></p>
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{page:WordSection1;}</style></p>Guillaume Contréhttp://www.blogger.com/profile/00589262091720963299noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7744567062777624621.post-55899175227880541002021-01-30T17:37:00.002+01:002021-01-30T17:37:57.455+01:00Stevenson, un trésor pour tous<p><br /></p>
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<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"><b>L'art de raconter</b></span></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">De l’Écosse aux îles Samoa, Robert
Louis Stevenson est de ces écrivains qui auront porté haut et loin les couleurs
de l’aventure. S’il est par antonomase le grand conteur de la littérature
anglophone du </span></i><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 11.0pt; line-height: 150%;">XIX</span></i><i><sup><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">ème</span></sup></i><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> siècle, il ne faudrait pas oublier
la modernité de ses romans, de sa pensée et de son rapport au monde.<o:p></o:p></span></i></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;">Article paru dans Le Matricule des anges en mars 2020, à l'occasion d'un dossier consacré à Stevenson</span></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><br /></span></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhSEPHEj59pQswmDVnKcisFA2Mg8eUYslAYUJiIjVbRvue1HrFiYinBS-ZxXMbPAOWcxcsxDBqmHpdkhTcprB5X3IiWlIMxFX1r-PdrUSRKPTjEPK95MRKQ4fNvXyu9Ntvj5gcGS4AODSIz/s566/9838-large.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="566" data-original-width="400" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhSEPHEj59pQswmDVnKcisFA2Mg8eUYslAYUJiIjVbRvue1HrFiYinBS-ZxXMbPAOWcxcsxDBqmHpdkhTcprB5X3IiWlIMxFX1r-PdrUSRKPTjEPK95MRKQ4fNvXyu9Ntvj5gcGS4AODSIz/s320/9838-large.jpg" /></a></div><br /><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><br /></span><p></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><i><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">« Toute lecture digne de ce
nom se doit d’être absorbante et voluptueuse. Nous devons dévorer le livre que
nous lisons, être captivé par lui, arraché à nous-mêmes, et puis sortir de là
l’esprit en feu, incapable de dormir ou de rassembler ses idées, emporté dans
un tourbillon d’images animées, comme brassées dans un kaléidoscope. »</span></i><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> Ces propos de Stevenson, qui ouvrent
son essai <i>À bâtons rompus sur le roman</i> – paru en 1882, alors que
s’achevait la publication en feuilleton de <i>L’île au trésor</i> –, tiennent
de la profession de foi. Raconter, pour lui, ce n’est pas seulement emporter son
lecteur dans un flux de péripéties, c’est hypnotiser, ouvrir des abimes et
déchaîner de puissantes images dont l’impact est comparable aux brisants qui
harcèlent l’île écossaise d’Aros et rendent fou l’un des personnages de sa
nouvelle <i>Les gais lurons</i>. Et tout cela dans une langue qui sonne, brute
et sophistiquée, ce que des traductions timorées ou trop vite troussées n’ont
pas toujours bien rendues. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify; text-indent: 35.4pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Mort aux îles Samoa,
dans le Pacifique, en 1894 à l’âge de 44 ans, l’écrivain, dont la santé
toujours précaire aura eu une forte incidence sur les errements géographiques, laissera
une œuvre conséquente – romans, nouvelles, essais, poésie, récits de voyage,
pamphlets politiques, sans oublier une très riche correspondance – dont la
qualité constante démontre une force de travail peu commune et une confiance
absolue tant dans son propre talent que dans la force onirique de l’imaginaire.
Un imaginaire qui n’est pas de tout repos : <i>« Je suis né avec le
sentiment d’un je-ne-sais-quoi tapi au cœur des choses, mélange d’horreur et
d’attraction sans limites »</i>, affirmera-t-il. Déclaration
programmatique pour un auteur qui explorera l’ambiguïté morale des êtres et leur
pouvoir de séduction, que l’on pense à des personnages comme l’Attwater du <i>Creux
de la vague</i> ou au Maître de Ballantrae du roman éponyme, une créature dans
laquelle il avait mis <i>« tout ce qu’il savait du diable »</i>. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify; text-indent: 35.4pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Mais peut-être les
propos cités plus haut contiennent-ils aussi la graine du malentendu – de la
simplification – dont est toujours victime Stevenson, éternel « écrivain
pour enfants ». Après avoir été de son vivant un des auteurs les plus lus au
monde (avec Kipling), il a connu une longue période de purgatoire, se
retrouvant banni des anthologies de littérature anglaise jusqu’à bien avancé le
</span><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 11.0pt; line-height: 150%;">XX</span><sup><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">ème</span></sup><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> siècle, alors même que son île,
son trésor, sa tâche noire, son jeune Jim Hawkins et son Long John Silver à la
jambe de bois, outre qu’ils sont les éléments du plus beau des romans
d’aventures (celui qui les contient tous et les dépasse), sont également les
ingrédients d’un manifeste littéraire extrêmement novateur pour son temps et
dont la modernité n’a pas faiblie. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify; text-indent: 35.4pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Malgré le prestige de
ses admirateurs inconditionnels, d’Henry James à Jean Echenoz, en passant par Schwob,
Chesterton ou Borges – lequel, dans une phrase régulièrement citée de <i>L’auteur</i>,
intègre la prose de Stevenson à la liste très sélective de ses préférences, au
même titre que le goût du café ou les sabliers –, persiste l’image d’un
écrivain dont le génie n’aurait vraiment pris sa pleine mesure qu’au moment
d’être interrompu par la mort, alors qu’il écrivait un <i>Hermiston, le juge
pendeur</i> prometteur mais inachevé, c’est-à-dire au moment où il se serait
enfin décidé à écrire un roman « pour adulte » qui replaçait dans la
fiction sa douloureuse relation avec son père (un thème qui est d’ailleurs une
constante de son œuvre, puisqu’il est déjà au centre d’une de ses premières
nouvelles, <i>Histoire d’un mensonge</i>). <span style="mso-spacerun: yes;"> </span><o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify; text-indent: 35.4pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">La faute retombe en
partie sur les propres amis de Stevenson, ceux qui, l’écrivain se trouvant loin
de son Écosse natale, s’occupaient de la publication de ses livres et auront eu
de plus en plus de mal à comprendre l’évolution de son art. Après sa mort, ils
se seront chargés de construire le mythe d’un écrivain fragile et enfantin,
reléguant au second plan la force innovatrice de son œuvre et les pulsions
noires qui la parcourent. Un aspect qui prendra toute son ampleur dans ses
derniers écrits, tels que la longue nouvelle <i>La plage de Falesà</i>, ou dans
certaines de ses curieuses <i>Fables </i>qui, loin de simples récréations, sont
peut-être les textes où sa poétique s’exprime le plus directement. Comme le dit
bien Michel Le Bris – qui a tant fait pour sa reconnaissance en France – les
récits de Stevenson <i>« n’éclairent jamais qu’en diffusant de
l’ombre »</i>. Henry James fut l’un des premiers à craindre que la figure
de l’auteur, bientôt figée dans une caricature, ne fasse du mal à la réception
d’une œuvre qu’il tenait en très haute estime. Une œuvre extrêmement abondante et
multiforme pour une aussi courte existence, mais comme le dit Echenoz, <i>« tout
va très vite dans la vie de cet homme. »</i><o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>Il
n’est certes pas donné à tout le monde d’écrire des livres devenus des
classiques au point de faire croire qu’il est inutile de les lire. Long John
Silver – qui, selon Conan Doyle, <i>« n’est pas une création de la
fiction, mais une réalité organique et vivante »</i> – incarne aujourd’hui
dans l’imaginaire collectif l’essence même du pirate, au point de reléguer au
placard les véritables boucaniers de l’<i>Histoire générale des plus fameux pirates</i>
attribuée à Daniel Defoe, ouvrage qui fut pourtant une source essentielle
d’inspiration pour Stevenson. De même, le docteur Jekyll et son double
maléfique M. Hyde résument pour nous l’éternel affrontement du bien et du mal,
comme si ce court roman – celui qui rendit, lors de sa publication en 1886, son
auteur riche et célèbre, ce qui lui permettra de s’acheter un bateau et s’en
aller toujours plus loin d’une Écosse à laquelle il reviendra pourtant encore dans
ses récits – n’était que cela, une allégorie, presque une phrase toute faite,
et pas l’œuvre d’un prodigieux styliste n’ayant eu de cesse de penser son art
et d’en explorer les multiples formes. Comme si les pouvoirs de conteur de Robert
Louis, né Robert Lewis Balfour Stevenson à Édimbourg en 1850 dans une famille
aisée, étaient trop puissants pour être honnêtes. J. M. Barrie, l’auteur de
Peter Pan, n’admettait-il pas avoir laissé son feu mourir en plein hiver et ne
pas s’être rendu compte du froid, plongé qu’il était dans <i>Treasure Island</i> ?
Raconter, avec toute la puissance de l’image, de la scène marquante (deux
concepts essentiels pour Stevenson), serait-ce là quelque chose de secondaire,
réservé à l’enfant écervelé, ce que le lecteur adulte, dans une Angleterre
victorienne très sure d’elle-même, ne saurait tolérer ? L’auteur, en tout cas,
pas dupe, ne manquait pas de remarquer dans l’essai cité plus haut : <i>« Les
anglais d’aujourd’hui, je ne sais trop pourquoi, ont tendance à mépriser
l’évènement, et réservent leur admiration pour le tintement des cuillers à thé,
ou les défauts de langage du vicaire. On trouve habile d’écrire un roman sans
histoire du tout, ou du moins la plus ennuyeuse possible. »</i> Lui
préfère, comme il l’affirme dans <i>Les porteurs de lanternes</i>, <i>« la
poésie personnelle, l’atmosphère magique, et cet arc-en-ciel tissé par
l’imagination qui enveloppe ce qui est nu et anoblit ce qui est vil. »</i><o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify; text-indent: 35.4pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Il faut dire que
Stevenson se méfiait de la conception du réalisme qui dominait alors. À l’excès
de détails, il opposait les possibilités de synthèse de l’imagination, <i>« le
génie du lieu et de l’instant »</i>, une façon d’aller à la fois droit au
but tout en conservant au maximum le pouvoir de suggestion. Ce que retiendra le
lecteur, ce sont une ou deux scènes qui justifient non seulement l’écriture du
livre entier, mais y concentrent aussi sa puissance poétique. Ainsi
affirmait-il, à propos du romancier : <i>« Ses histoires peuvent être
nourries par les réalités de la vie, mais leur véritable but n’en est pas moins
de satisfaire le désir ardent, l’attente informulée du lecteur, en obéissant
aux lois idéales de la rêverie. »</i> Car il y a indéniablement chez
Stevenson la revendication du regard de l’enfant, de sa disponibilité, sa
manière bien à lui de s’approprier les lieux du monde comme une mine
d’histoires potentielles : <i>« Certains lieux parlent distinctement.
Certains jardins humides appellent à grands cris un meurtre ; certaines
vieilles maisons demandent à être hantées ; certaines côtes ne se dressent
que pour des naufrages. »</i> Les promesses de récits sont partout et,
comme il l’affirme dans un autre essai, <i>Une humble remontrance</i>, écrit en
réponse à James, qui deviendra par la suite un interlocuteur privilégié, <i>« la
seule méthode de l’homme, qu’il pense ou qu’il crée, est de clore à demi les
paupières pour se protéger de l’éblouissement et de la confusion de la réalité. »</i></span></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify; text-indent: 35.4pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"><i><br /></i></span></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify; text-indent: 35.4pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgaxHyMQeCv5tjwshCNaFXdTG3CMJET7F33MBr7baTd2ELjDBSj_PPKuRJ0tZ2u9nu3Y99ieBzUsIUurfhHVp_60DzKJwWpfokUbor3-KYGozzSyn2uuk97nh1YWOLrAktsjRvd_lziGaSl/s599/ob_07bccc_467px-robert-louis-stevenson-and-king.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="599" data-original-width="467" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgaxHyMQeCv5tjwshCNaFXdTG3CMJET7F33MBr7baTd2ELjDBSj_PPKuRJ0tZ2u9nu3Y99ieBzUsIUurfhHVp_60DzKJwWpfokUbor3-KYGozzSyn2uuk97nh1YWOLrAktsjRvd_lziGaSl/s320/ob_07bccc_467px-robert-louis-stevenson-and-king.jpg" /></a></div><br /><i><br /></i><p></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify; text-indent: 35.4pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">D’où vient ce talent apparemment
inépuisable pour raconter, que ce soit dans le moyen-âge de <i>La flèche noire</i>
ou dans une ville de Londres convertie en extravagante pâtisserie orientale
dans <i>Les nouvelles mille et une nuits</i> ? Peut-être du fait que, chez
lui, l’aventure, avant d’être un contenu, est d’abord la forme même du récit. Car
il y a partout, toujours, des trésors à chercher et des bateaux sur lesquels
s’embarquer. Que ce soit dans des romans au long court comme <i>Le trafiquant
d’épave</i> (le favori de Borges et le plus ambitieux de tous) qui, dans un
même élan, passe de la peinture des mœurs américaines au roman d’aventures puis
au récit policier (ce que Stevenson appelait <i>« un roman à énigme »</i>)
ou dans des nouvelles parfaites comme <i>La bouteille endiablée</i>, tentative
réussie d’écrire un véritable conte polynésien, ou en compagnie des vampires déliquescents
d’<i>Olalla</i>, réappropriation personnelle du gothique, il est de ces rares
auteurs qui parviennent à redonner à l’adulte la véritable saveur des lectures
de l’enfance, puisque c’est bien à cette période, déjà lointaine, hélas, que la
lecture est une expérience toute puissante. C’est de l’enfance, donc, encore et
toujours, qu’il tire son goût du récit et surtout son art, puisque d’elle il a
su préserver allumée la précieuse lanterne. D’ailleurs, elle n’est en rien
séparée de l’âge adulte car, écrit-il, <i>« les enfants pensent les mêmes
choses, rêvent les mêmes rêves que les hommes barbus et les femmes en âge se
marier »</i>. Les histoires que lui lisait sa nurse ont certainement eu
une influence décisive, que ce soit des romans à deux sous truffés de
péripéties invraisemblables et vite troussées (il écrira d’ailleurs une belle
défense de la littérature populaire) ou les récits des Covenantaires, ces protestants
illuminés du </span><span style="font-family: "Times New Roman",serif; font-size: 11.0pt; line-height: 150%;">XVII</span><sup><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">ème</span></sup><span style="font-family: "Times New Roman",serif;"> siècle. Sans oublier les
puissances parfois maléfiques du rêve, car, comme le rappelle l’un de ses
traducteurs, Patrick Reumaux, <i>« l’enfance de Stevenson est marquée au fer
de la nuit, du vent, du noir, des bourrasques qui terrifient »</i> et <i>« sa
nourrice lui parles des flammes de l’enfer brûlant dans la cheminé » </i>;
des flammes qui envahissent ses cauchemars. Pour autant, c’est une enfance
heureuse qui ancrera en lui cette conviction que <i>« manquer la joie,
c’est tout manquer »</i>. L’affirmation vitale, chez cet être délicat qui
n’eut jamais la jouissance d’une pleine santé, est constante. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify; text-indent: 35.4pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">La vie et l’œuvre ne
font qu’un chez Stevenson : influencé par son fantasque cousin Bob, il connaîtra
la vie de bohème en France, y rencontrera sa future femme, y pratiquera l’art
de la conversation (<i>« il n’est pas de plus belle ambition que d’y
exceller »</i>, écrira-t-il), achètera une péniche qu’il baptisera <i>les
Onze Milles Vierges de Cologne</i> et qui, faute de pouvoir payer le
charpentier engagé pour la mettre en état, finira par <i>« pourrir dans la
rivière où elle avait été embellie »</i>, signera ses premiers récits de
voyages (avec un âne dans les Cévennes, en canoë sur les rivières du nord de la
France), séjournera en Angleterre, en Écosse, en Suisse ou dans la Californie
des chercheurs d’or, selon ce que dictait sa santé ou son goût de l’aventure, perdra
la foi et affrontera le courroux de son père, partira toujours plus au sud en
quête d’un climat plus doux et, une fois dans les îles du Pacifique, ne
reviendra plus. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify; text-indent: 35.4pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">Chez lui, <i>« l’esprit
de voyage »</i> est une constante. Il s’agit, dit-il, <i>« d’être
comme un chalumeau dont n’importe quel vent peut jouer »</i> et <i>« de
quitter le lit douillet de la civilisation et de sentir sous ses pas le granit
terrestre avec, par endroits, le coupant du silex. » </i>Le voyage lui
permettra de développer ce que Le Bris appelle <i>« une métaphysique de
l’imagination créatrice »</i> et nourrira sa vision des lieux où il emmène
ses personnages (car dans ses romans on voit du pays). Ainsi, la fameuse île du
trésor, dont l’emplacement reste secret, n’en a pas moins une végétation qui
ressemble fort à celle de cette Californie où Stevenson était venu rejoindre Fanny
Osbourne, la femme qu’il épousera finalement après être parvenu de haute lutte à
arracher l’accord de son père. Un séjour qui fera l’objet d’un de ses plus
beaux récits autobiographiques, <i>Les squatteurs de Silverado</i>, où il
décrit avec humour leur quotidien dans une ville fantôme peuplée de serpents à
sonnettes. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
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<!--EndFragment--></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify; text-indent: 35.4pt;"><span style="font-family: "Times New Roman",serif;">On ne discute guère
plus aujourd’hui la modernité de Stevenson, on le réédite dans de nouvelles
traductions enfin respectueuses de sa verve et on lui consacre colloques et
ouvrages spécialisés. Celui que Nabokov considérait comme un des plus grands
théoriciens de la littérature reste avant tout un enchanteur ; quelqu’un
pour qui raconter est non seulement un don, mais aussi la plus belle des façons
d’exercer la générosité.</span><span style="font-family: "Times New Roman", serif;"> </span></p>
<!--EndFragment-->Guillaume Contréhttp://www.blogger.com/profile/00589262091720963299noreply@blogger.com0