Andrés Caicedo - ¡Que viva la música!




A la rentrée sera enfin publié une traduction française d'un livre de l'excellent écrivain colombien Andrés Caicedo (1951-1977), en l'occurrence l'indispensable ¡Que viva la música!, aux éditions Belfond. C'est Bernard Cohen qui a eut le courage de se lancer dans cette entreprise difficile s'il en est, tant l'écriture de Caicedo - où, comme le résume bien son traducteur, on ne sait jamais vraiment quand s'arrête la littérature et quand commence la salsa - s'approprie la langue vernaculaire colombienne, et particulièrement le jargon coloré de cette salsa qui est le moteur d'un roman qui plonge le lecteur au cœurs des nuits de la jeune Maria, de bal en bal, au rythme de la musique afro-cubaine, dans un récit qui va de l'exubérance à la tragédie. Caicedo dans toute son œuvre à su dépeindre comme personne la réalité complexe de sa ville, Cali, et a su trouver comment "raconter" l'éternelle violence qui ravage son pays sans misérabilisme ni froideur, préférant l'aborder comme une des multiples facettes d'une réalité qu'il narre depuis le point de vue de ceux qui la vive.

Andrés Caicedo a tout de l'auteur culte : beau, jeune et intelligent, il écrit une œuvre prolifique avant de se suicider à vingt cinq ans. Prétendre vivre plus, selon lui, ne pouvait être "qu'insensé". Ayant découvert cet auteur fascinant récemment par la lecture de deux de ses livres - dont ¡Que viva la música! - je ne peux que me réjouir de l'excellente nouvelle de son apparition francophone. Cette publication consiste d'ors et déjà à mon humble avis un des grands événements de notre bonne vielle rentrée littéraire. J'espère que le livre rencontrera l'accueil critique qu'il mérite.

Et puisque j'y suis, j'en profite également pour signalez un article que j'ai écrit dans mon meilleur espagnol pour la revue littéraire en ligne argentine Espacio Murena, dans lequel je me penche sur un autre livre de Caicedo, le recueil de nouvelles Angelitos empantanados o historias para jovencitos, c'est ici.